QUELLE EST LA GROSSEUR
DE LA TÊTE QUI SE TIENT DERRIÈRE LE VOLANT?
Depuis qu’Infoman a fait rire la province avec les jeux de
mots «poches» autour du candidat Mabit à Magog durant la campagne électorale
municipale de novembre 2013, il est tout à fait loisible de se demander qu'elle tête se tient derrière le volant de la politique occidentale. La parodie
est une façon de confirmer la thèse de Freud sur l’usage du mot d’esprit pour
soulager la tension en de grands moments d’anxiété. Certes, Magog n’était pas
sur le point de disparaître de la carte pour se trouver un candidat doté d’un
tel nom qui, dans la phonétique québécoise – qui n’est pas celle des Français
–, donne un tour légèrement obscène à la publicité électorale. Mais si l’on se
souvient que Jean Charest a fait une campagne, victorieuse, pour le poste de
Premier ministre à la tête d’un gouvernement majoritaire québécois en affirmant
qu’il aurait les deux mains sur le volant, là encore, et même après, tout le
monde se demandait bien d’abord s’il y avait un volant, et ensuite la qualité
des mains qui étaient sensées le diriger. Tout ça a fini dans le fossé, comme
on sait.
Le problème n’est donc pas tant dans les
mains qui tiennent le volant que la tête qui contrôle les deux mains. Et là, on
est encore plus effrayé lorsqu’on regarde la vitesse de dérapage qui ne cesse
de s’accentuer décennie après décennie, année après année. La démocratie
descend une pente sans frein ni contrôle de direction. Et la multiplication des
mots d’esprit témoigne de cette inquiétude généralisée, en Occident, devant le
précipice ou le muret qui vont, un jour où l’autre, se dresser devant la démocratie en
folie. Libre à chacun de constater dans son propre pays la folle accélération
prise par la direction politique qui s’en va vers son échéance inéluctable.
Je ne m’en tiendrai ici qu’aux récents
événements qui ont marqué la politique canadienne et québécoise au cours des
semaines passées. C’est déjà suffisant pour s’inquiéter de la nature de la tête
qui se dresse derrière le volant. Le choix est tellement touffu que je ne sais
par où commencer. La crise au Sénat? Les déclarations de Justin Trudeau?
La charte des valeurs québécoises? Les turpitudes du maire Ford de Toronto?
L’élection de l’équipe, déjà corrompue avant même l’entrée en
fonction du nouveau maire, Denis Coderre? Le spectacle navrant de la commission Charbonneau
qui, comme tout émission de télévision, est déjà surannée après plus d’un an de
déclarations grossières et d’expositions kitsch de corruptions grotesques et
burlesques? Comment, pour un esprit sain, survivre à tant de conneries?
Procédons de manière «scientifique», c'est-à-dire, en classifiant ces différents signes de démoralisation politique. Ford se regroupe assez bien avec les sénateurs fraudeurs en autant qu'ils impliquent les conservateurs canadiens; les déclarations de Mini-PET
et la Charte des valeurs québécoises
ensemble se complètent admirablement bien, enfin, la commission Charbonneau vient
coiffer le tout. Voilà ce qui m’apparaît mettre un peu d’ordre intellectuel
dans la saoul à cochons.
Voici le maire Rob Ford. Personnalité truculente issue d’une tradition de politiciens municipaux fort en vogue en
Amérique du Nord depuis le milieu du XIXe siècle. Obèse, rougeaud, grossier,
prédicateur de la bonne morale, défenseur des «honnêtes» gens contre l’élite
intellectuelle méprisante, Ford est le représentant de la «Ford nation»,
c’est-à-dire des arrondissements de Toronto les plus conservateurs, où
l’animosité est entretenue par les pleins de ressentiments qui entendent
profiter de la majorité des voix pour imposer son diktat à l’ensemble de la population. Jouant sur le
principe de la confrontation naturelle entre la culture populaire et la culture
des élites, Ford combat les écolos, les partisans de l’usage de la bicyclette
en ville, ceux qui en ont contre les gros 4x4 polluants et surtout les gangs de criminels qui ont semé la mort à quelques reprises au centre-ville, etc. Accompagné de son
frère comme Moïse d’Aaron, le maire Ford se prend pour Franklin Roosevelt en
diffusant, tous les dimanches matins, son sermon à un poste de radio, ce qui l’a
fait connaître de la ville au grand complet et l’a conduit au fauteuil du
maire. Une semaine avant que le ciel ne lui tombe sur la tête, il était à côté
de Stephen Harper qui faisait des déclarations publiques à Toronto. Ford et les
conservateurs, contre le banditisme (du menu fretin, va sans dire), contre la
délinquance juvénile, contre les turpitudes sexuelles et l’usage de la drogue –
Harper a fait ses choux gras de la déclaration du chef du Parti Libéral, Justin
Trudeau, qui avouait avoir fumé un «joint de pot» au cours d’un party -, se plantent
devant la contradiction la plus manifeste de leurs aspirations à maintenir l’ordre
et la sécurité publique.
En effet, le gros Ford, après plusieurs
mois d’allégations, a été obligé de reconnaître qu’il avait fumé du crack,
cette drogue qui rend «crack-pot» et cela, devant un enregistrement vidéo qui a longtemps été
considéré comme inexistant à cause du chantage que son propriétaire voulait
exercer sur Ford. On ne sait trop comment, la vidéo avait disparu, ainsi que
son propriétaire – qui a dû être payé par le clan Ford pour détruire la pièce
compromettante -, mais voilà que les policiers en ont trouvé copie sur un
disque dur d’un ordinateur saisi chez un criminel. Voilà donc la censure
censurée et la vidéo sur le point de reparaître sur You Tube. Le maire,
contrit, n’avait plus qu’à afficher ses excuses dans une mise en scène dont le pathos ne pouvait qu'appâter les gogos, comme l'«ami de la famille», le ministre fédéral des finances, Jim Flaherty. D’autres vidéos, d’autres
photos, nous le montre dans un éclat de colère, probablement sous les effets de
la drogue mêlée à l’alcool. Agressif, violent, paranoïaque – effets qui
accompagnent le «buzz» de l’usage de la «roche», nom donné dans le monde
interlope au crack -, Ford s’y montre dans toute sa nature profonde. Et son
frère, qui joue habituellement le rôle d’éminence grise derrière les rondeurs
joufflues du maire, en est contraint à penser à l'envoyer en cure de
désintox. Ce qui ne sera pas facile. Car Ford s’attache au pouvoir. Usant du
processus médiatique habituel de transformer un criminel en victime, il a
profité des larmes retenues de son ami Flaherty pour faire monter la cote de sympathie à son
égard. On voit déjà se mettre en place toute la trame du human interest qui sera servi aux Torontois l’année
prochaine, au moment des élections, car Ford s’entend bien s’y présenter à
nouveau.
Bref, pendant une semaine, les vidéos et les photos de presse de cette masse adipeuse s’excitant,
vociférant, s’étouffant d’invectives, s’agitant de toutes les manières les plus
disgracieuses, ont été répandues partout dans le monde et fait de Toronto la risée générale. Elles ont fait
oublier aux Parisiens les magouilles de l’ex-maire Chirac sur les H.L.M. Aux États-Unis, elles ont permis aux citoyens – des milliers – vivant sous la
tyrannie de semblables despotes locaux, d’oublier le leur. Depuis le «bras
canadien» amarré à la navette spatiale, aucune invention canadienne autant que le
maire Ford n’avait été aussi connu dans l’ensemble de la planète! Elles ont même fait passer au second rang les turpitudes de Mike Duffy au Sénat, ce qui n'est pas rien!
Le scandale Ford et ses multiples rebondissements, donne la preuve de l’hypocrisie
morale bourgeoise du parti conservateur. La fausseté de mettre de l’ordre et de
la sécurité dans la cité en usant de la répression et de l’emprisonnement n'empêche pas les édiles politiques de défier eux-mêmes la loi, assurés qu'ils sont d'une protection privilégiée, ce qu'a démontré le comportement du bureau du Premier ministre dans l'affaire des sénateurs véreux. Une
fois de plus, il a fallu un gros cave pour enlever la petite culotte de la
putain conservatrice. Deux en moins d'un an, c'est un record! Les prédicateurs américains du temps de Reagan ont tous
fini dans le lit de leur secrétaire, pratiquant ainsi l’adultère officiellement honni, ou en train
d’exercer leurs talents de conversion auprès de mineurs, répétant l’infâmie
que le chansonnier Béranger adressait en son temps aux seuls Jésuites. L’ex-premier
ministre libéral du Canada, William Lyon Mackenzie King aussi allait aux
prostituées afin de les «convertir» à assainir leurs mœurs après en avoir
utilisé les services. On ne sait pas pour les putes, mais on sait que le maire
Ford usait du crack, et qu’il n’a sûrement pas commencé par cette drogue dure.
C’est là une drogue autrement plus dangereuse (et plus criminelle) que le joint tiré par Mini-PET.
Ford, par sa compromission avec le monde
interlope (l’un de ses fournisseurs présumés, lié aux gangs de rue de Toronto
qui ont déjà fait plusieurs innocentes victimes dans des mitraillages au
centre-ville, a été retrouvé assassiné un peu avant l’éclatement du scandale de
la vidéo fantôme), ouvre sur la corruption municipale qui sévit à Montréal, quelle ville
vient d’élire le champion toutes catégories de la magouille, Denis Coderre, à
la mairie. Mais nous commencerons par la faillite de l’idéal administratif
véhiculé par Stephen Harper depuis les dix années qu’il est en poste à Ottawa.
Reconnaissons-le. Harper a emmuré le
gouvernement conservateur derrière une muraille d’où ne filtre que les litanies
idéologiques du Parti. Il s’est hissé sur les épaules de la lutte au crime
organisé et la juste punition aux criminels, et le voilà qui se retrouve à côtoyer un maire
consommateur de drogues dures achetées au marché noir. On comprend qu’il n’ait
pas sorti autant de commentaires humoristiques sur les déboires de Ford alors
qu’il s’en donnait à cœur joie sur les sottes vantardises de Mini-PET. Mais, avec la
crise au Sénat, c’est à la fois le voile de son intégrité morale et éthique qui
se déchire, autant que transparaît sa propre incompétence à juger de la moralité des gens
qu’il plaçait à des postes législatifs d’importance.
Pamela Wallin de Saskatchewan,
professionnelle des média tant écrits que télévisuels, portant la voix
conservatrice dans les Prairies, a été nommée au Sénat en 2008 par un Stephen
Harper qui avait fait campagne avec la promesse d’abolir cette institution
désuète, coûteuse et douteuse. Ses dépenses exagérées ont entraîné la tenue d’une
enquête qui a forcé le Sénat à la suspendre sans salaire jusqu’à ce que
l’enquête soit terminée. Un autre sénateur, plongé dans les mêmes accusations de
budget de dépenses frauduleuses est un autre «gros», le sénateur Mike Duffy
(Duffyduck) qui, plus aigre que Wallin, a dénoncé publiquement la complicité
tacite du bureau du premier ministre dans l’affaire. Harper, en effet, ne
pouvait ignorer les budgets de dépenses trafiqués de ce sénateur issu de l’ïle
du Prince-Édouard et a tenté de faire porter le chapeau à son ancien chef de
cabinet Nigel Wright, homme de Bay Street (la rue des financiers à Toronto),
cerveau du think tank des
conservateurs depuis le temps de Preston Manning et qui a adressé un
chèque personnel de $ 90, 172 afin de permettre à Duffy de rembourser les $ 90
000 qui lui étaient réclamés. L’entente fut dévoilée, Harper s’est débarrassé
cavalièrement de Wright et a laissé porter à Duffy l’entière responsabilité de
ses malversations. Pour se venger Duffy a témoigné que le Premier ministre
lui-même était au courant et qu’il l’avait laissé faire, maculant ainsi le plastron immaculé du maître de l’ordre et de la sécurité du Canada! Passons
rapidement sur le cas de l’autochtone du groupe, le sénateur Patrick Brazeau
qui s’était fait connaître pour un match de boxe burlesque avec Justin Trudeau
– qu’il avait perdu d’ailleurs! -, lui qui passait pour un mâle alpha et un
séducteur intempérant de la colline parlementaire. Accusé d’ivrognerie et de
violence contre les femmes, il a dû, lui aussi, faire un séjour en désintox
avant que le Sénat vote sa suspension sans salaire.
Bref, la lucidité impitoyable de Stephen
Harper dans le choix de son personnel politique en a pris pour son rhume. Plus
personne ne croit à ce mythe fabriqué de toutes pièces que Stephen Harper a un
jugement solide et indéfectible. Au contraire. Chaque décision prise dans la
crise du Sénat l’embourbe davantage dans son incompétence administrative. S’il
a, comme je l’ai montré ailleurs, une «vision», une «aspiration» pour le
Canada, il a également moins de capacités de jugement et une ignorance du droit
procédurier qui permet au chef de l’opposition, Thomas Mulcair, de réduire sa
crédibilité à peu de choses. De tels scandales, sans précédents dans l’histoire du Sénat
canadien, montre que la collusion partisane dévore les institutions de
l’intérieure, les rendant inaptes à coiffer la société et à lui donner des
cadres de fonctionnement où dominerait les aspirations de justice et d’équité. Après
les scandales libéraux du tournant du siècle, nous assistons à la déconfiture
du gouvernement conservateur sur les mêmes bases de la corruption et de
l’impossible honnêteté dans l’administration des fonctions représentatives.
Cette gangrène des institutions frappait
Montréal depuis une décennie au moins. Je dis au moins, car il est de tradition
de voir l’administration municipale de Montréal s'acoquiner avec le monde interlope. Sous
Camilien Houde, sous Sarto Fournier, sous Jean Drapeau, puis sous le maire
Bourque, enfin sous Gérald Tremblay qui, comme les conservateurs de Harper,
avait mené sa première campagne à la mairie en montant le même
cheval de bataille de la lutte à la corruption. Or, à mesure que les années, à
mesure que les mandats se succédaient, l’administration Tremblay sombrait d’un
scandale l’autre. L’affaire des compteurs d’eau est le scandale qui a ouvert
l’abcès. Faisant parti du programme électoral de Gérald Tremblay, la
tarification des utilisateurs industriels de l’eau de l’aqueduc de Montréal
devait apporter des millions au budget de la ville. L’administration Tremblay
confia au consortium GÉNleau la responsabilité de l'installation et de
l'entretien de 30 000 compteurs d'eau sur l’île de Montréal (23 000 nouveaux
compteurs à installer et 7 000 à remplacer). La valeur du contrat était de $
356 millions sur 25 ans. La ville ajoutait pour sa part, un investissement de $
67 millions de dollars. C’est entre février 2006 et le mois de mai de la même
année que le projet pris une ampleur démesurée. Les journalistes commencèrent à
exhumer les relations entretenues avec une compagnie d’ingénieurs, Deseau, qui
faisait affaire avec la municipalité. En octroyant le contrat au consortium GÉNleau, formé de Dessau-Soprin
et de l’entrepreneur Simard-Beaudry (des créatures du maffioso «Fat» Tony Acurso), la ville se plaçait en conflit d'intérêts. La valeur du contrat aboutissait à la
somme faramineuse de $ 335 846 518. Comme le contrat fut résilié par le maire
pour cause d’irrégularité, la ville fut placée dans l’obligation de payer $3 000
000 pour la pénalité de la résiliation du contrat. En tout et partout, la ville de Montréal aura payé $ 10 900 000 pour ces compteurs d'eau qui ne furent pas installés.
Ce scandale révéla la collusion entre les
firmes d’ingénéries, la mafia, la tête du syndicat FTQ-construction, le Fonds
de Solildarité des travailleurs de la FTQ et, bien entendu, les fonctionnaires
municipaux. Au-delà d’un scandale de magouilleurs occasionnels, ce sont les
mœurs de collusion dans l’administration, tant municipale que provinciale, qui sont étalées au grand jour devant un public plus informé qu’il n’a prétendu l’être,
jouant les vierges offensées devant chaque déclaration odieuse déposée
sous serment (mais jusqu'à quel point peut-on les croire) devant les commissaires. Et dans la mesure où les mœurs ne
se laissent pas saisir facilement par le droit, la tradition finit par primer sur les
intentions.
C’est ce que l’élection de Denis Coderre a
démontré contre les militants de l’assainissement des mœurs administratives et
politiques lors de la dernière campagne électorale municipale de Montréal. Entre les appels robotisés de l’équipe Côté (résidu de l’ancien
parti hyper-corrompu du maire Bourque), le visage innocent et la parole creuse
de Mélanie Joly, restait l’équipe de l’urbaniste Richard Bergeron qui aurait
été à même, en toute logique, de prendre le pouvoir compte-tenu de sa formation d’urbaniste et de
sa longue expérience de la politique municipale. Or, ce sont les moins
expérimentés dans le domaine de l’administration municipale, Coderre et Joly, qui
sont arrivés les premiers au «score». Même en sachant que Coderre avait récupéré une grande partie
de l’ancienne équipe de Gérald Tremblay, dont certains candidats sont toujours
sous enquêtes policières. Certes, la démagogie connue de Coderre n’a pas suffit à
en faire le nouveau maire de Montréal. Dans l’ensemble 40% des Montréalais se
sont déplacés pour aller voter et sur ce nombre, Coderre n’a pas obtenu la
majorité du conseil municipal. Mais lorsque le choix se présentera aux candidats
orphelins des équipes Côté et Joly, c’est-à-dire le choix entre siéger dans une
opposition inefficace et le désir de rejoindre le clan des vainqueurs, on calcule rapidement la somme des transfuges qui iront rejoindre l’équipe Coderre.
À mi-chemin (dans tous les sens) entre le démagogue alcoolique et drogué de
Toronto, et le petit Napoléon d’opérette de Québec, le maire Labeaume, Denis
Coderre exprime le vide en politique. Sachant qu’il n’avait aucune chance de
jouer un rôle auprès du nouveau chef élu, Justin Trudeau, dans le Parti Libéral
du Canada, il a préféré être le premier de la ville de Montréal plutôt que l’éternel
cinquième roue du char au gouvernement fédéral. Son intérêt pour le sort de la métropole
du Québec n’a jamais dépassé le seuil de cette ambition narcissique.
Coderre représente assez bien ce vide qu’exprime autrement
Justin Trudeau, Mini-PET. Encore cette semaine, dans une invitation adressée aux femmes
de venir rencontrer le chef du Parti Libéral du Canada – invitation ciblée qui
a été dénoncée comme sexiste par les femmes du N.P.D. -, Mini-PET a déclaré
admirer la dictature chinoise qui a réussi à remonter si vite l’économie du
pays ainsi que s’attaquer aux défis écologiques. C’était une double stupidité.
Il est vrai que PET-sénior, accompagné de Jacques Hébert, avait été parmi l’un des
premiers occidentaux à visiter la Chine communiste du temps où Mao tenait les portes de son empire bien
fermées. Il en avait ramené un livre, Deux innocents en Chine rouge. Or, Mini-PET dépasse les bornes assez rapidement
en exhibant la Chine comme modèle de modernisation industrielle sans tenir
compte de la sauvagerie avec laquelle cette dictature assure la course à la
mondialisation. De plus, la Chine est loin d’être un modèle en lutte contre la
pollution industrielle, car les dictatures communistes, autant que les pays
capitalistes, laissent l’économie dominer tout l’agenda de la politique
intérieure. Pire que l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, ou même les États-Unis
du dernier tiers du XIXe siècle, les conditions de travail en Chine sont tout simplement inhumaines. L’appauvrissement
de la Chine, dans tous les domaines, est une trahison des idéaux pour lesquels certains communistes, utopistes mais
sincères, s’étaient engagés dans la Longue Marche. Trudeau est un imbécile qui n’y
connaît rien en politique internationale et encore moins en histoire des sociétés
contemporaines. Il n'a même pas la décence de Rémy, le professeur du film de Denys Arcand, Les Invasions barbares, qui, pour vouloir cruiser une étudiante chinoise, la complimente sur la Révolution culturelle de son pays et se fait répondre que toute sa famille a été placée en camp de rééducation, en campagne. Pour Harper, Trudeau n’est pas une menace sérieuse et sa présence
aux com-
mandes du Parti Libéral du Canada semble confirmer la tangente prise jadis par le Parti Libéral d’Angleter-
re. Lorsque les partis socialistes ou travaillistes s'acclimatent du capitalisme, ils tendent à éclipser les partis libéraux jusqu'à prendre leur place. Depuis que le N.P.D. remise sa dénomination socialiste dans les placards de vieilleries, il prend de plus en plus la place occupée jadis par le Parti Libéral du Canada. C'est ce qui se passe partout dans les anciens pays du Dominion britannique. D'autre part, il est clair que Trudeau Premier ministre, le Canada deviendrait assez vite, comme l'écrit Josée Legault, l'Absurdistan.
mandes du Parti Libéral du Canada semble confirmer la tangente prise jadis par le Parti Libéral d’Angleter-
re. Lorsque les partis socialistes ou travaillistes s'acclimatent du capitalisme, ils tendent à éclipser les partis libéraux jusqu'à prendre leur place. Depuis que le N.P.D. remise sa dénomination socialiste dans les placards de vieilleries, il prend de plus en plus la place occupée jadis par le Parti Libéral du Canada. C'est ce qui se passe partout dans les anciens pays du Dominion britannique. D'autre part, il est clair que Trudeau Premier ministre, le Canada deviendrait assez vite, comme l'écrit Josée Legault, l'Absurdistan.
Devant tant d’absurdités publiques, la
tension se libère peu à peu à travers le spectacle décevant de la commission
Charbonneau et les déclarations parfois hirsutes ou burlesques de certains
témoins. Les abonnés de R.D.I. suivent les séances comme une télé-série où
défilent des mafieux qui deviennent vite des vedettes du petit-écran qu’on
applaudit comme des héros ou des caractères comiques ou tragiques qui émeuvent
le grand publique. La résignation (et non la résilience) des électeurs à
prendre la démocratie au sérieux, pire que le cynisme, nous invite à nous
interroger sur la survie de celle-ci dans un proche avenir.
Si, comme la commission sénatoriale McCarthy tenue aux États-Unis dans les années 1950 contre l’infiltration
communiste, la commission Charbonneau avait été une véritable Inquisition, nous
aurions été en mesure de constater combien la légalité de l’État dérivait de
sa légitimité. Aujourd’hui, plutôt que de s'avérer une catharsis bien menée,
la commission Charbonneau finit par nous réconcilier avec nos pires défauts
collectifs. Elle ramène la légalité dans la résilience qu’il y aura toujours
des mafieux, qu’il y aura toujours des politiciens prêts à se corrompre et des
fonctionnaires à jouer le jeu de mœurs irréformables propres à la nature humaine.
Jean Charest avait inutilement peur des effets de la Commission Charbonneau.
Celle-ci ne peut que servir les intérêts communs du crime organisé et du financement obscur des partis politiques, et ce, dans la mesure où
elle ne soulève pas un mouvement populaire de révolte mais seulement les
habituels ruminations scandalisées mais jouissives de plébéiens jamais satisfaits. L’illégalité
des façons de faire des élus (Ford, Coderre, Labeaume, Harper, Charest ou
Marois) se confond avec la légitimité des mœurs corrompues. Et au lieu de créer une
«situation révolutionnaire», cette désagrégation des institutions de la
civilisation conduit à une acceptation globale qui ne peut que conduire à toujours plus
d’injus-tices, plus d’illégalité et plus de sauvagerie et de brutalisation de nos
mœurs. Les valeurs québécoises défendues dans la Charte du Parti Québécois ne sont
alors que simagrées de valeurs. Ce n’est pas l’égalité homme/femme qui est le
problème majeur de la société québécoise, et encore moins le voile des
musulmanes. Et pour ceux qui craignent l’endoctrinement de l’Islam dans nos
C.P.E., c’est qu’ils ignorent que l’anti-individualisme musulman est
incompatible avec l’individuation des Occidentaux, donc condamné à ne jamais s’enraciner
sérieusement au Québec. Pas plus que «le grand soir» de la «révolution prolétarienne» ne guettait le Québec en 1980! Tout ce mécanisme électoral qui confine l'irresponsabilité administrative gouvernementale à une affirmation d'État de la part du gouvernement minoritaire du Parti Québécois est une autre façon de se faire un capital politique sur les frustrations populaires. De tout cela, on ne tirera pas plus un pays qu'on tirera un respect des valeurs d'honnêteté, de dignité et de compassion humaine qui sont l'essentiel des valeurs Occidentales et, par le fait même, des Québécois.
Ce n’est pas d’un coup fatal provenant d'une
ceinture de bombes cachées sous une Burka explosant à la Place Versailles pendant le magasinage du temps des fêtes que vont se
renverser les fondements de la civilisation occidentale au Québec. C’est de la
trahison même de ces valeurs que sont la liberté, mais aussi la noblesse et la dignité humaine qui sont érigés non sur un droit naturel mais sur un
mérite entraîné par l’harmonisation du souci du bien de chacun dans le respect
du bien commun. Si nous continuons à accepter le pillage du bien commun par et pour des intérêts
individuels détournés; si nous bafouons le souci du bien individuel au nom de
la supériorité économique de certains sur la majorité des désargentés; si nous
effaçons le concept de mérite pour le remplacer par un automatisme lié à un
quelconque droit impératif à qui l’on peut faire dire n’importe
quoi, ne nous demandons plus, après, pourquoi la morale sadienne l’emporte plutôt que le
respect du sujet libre, responsable et volontaire que nous sommes sensés valoriser. Ni pourquoi la démocratie, qui n’est à l'origine qu’une vision de l’esprit qui se traduit en praxis par un régime administratif chargé de faire
respecter les principes qui sont à la base de l'accession à une utopie de la société libératrice, n'est devenue qu'une vulgaire farce à amuser les humoristes modernes en manque de sottises. Ce
que nous disent toutes ces niaiseries accumulées en une semaine dans la vie
politique du Canada : du maire Ford au maire Coderre, de la crise au Sénat
à la Commission Charbonneau, des niaiseries navrantes de Mini-PET à ceux qui se déchirent la chemise pour ou contre les valeurs québécoises, et qui aboutissent finalement à cette pièce d'anthologie de mauvais goût d'un Stephen Harper, qui, pourtant nous en a habitué à bien d'autres, au congrès des Conservateurs tenu à Calgary, d’un Quand
le soleil dit bonjour aux montagnes accompagné par lui-même sur
le clavier d’un piano Yamaha à 10 vitesses, c'est : ne cherchez pas de tête à qui se tient derrière le volant⌛
Montréal,
10 novembre 2013
Bon article Jean-Paul, jouissif, tu as le don de me faire rire à certains moments, bien synthétisé (pour une fois !) . De bons liens entre tous ces événements qui n'en finissent plus de nous rendre ridicules aux yeux du reste du monde.
RépondreSupprimerFord et Harper contre le banditisme....elle est bonne. Celui qui le dit c'est lui qui l'est n'est-ce pas ?
Et concernant la Commission Charbonneau, maintenant qu'on sait qu'il y a eu collusion , et qu'on sait comment ça se passe et que ça va continuer , la preuve étant qu'on a élu Coderre, puisque ce n'est qu'une commission et non un tribunal, que ces gens (avocats et commissionnaires) vont se remplir les poches, penses-tu qu'il y a moyen d'y mettre terme ?
La commissaire Charbonneau pourrait chanter comme Petula Clark dans le temps : «Tu m'as voulu, tu m'as eu. Tu m'as choisi, c'est tant pis...» Il n'y a pas moyen d'arrêter ce train tant à côté il y a des enquêteurs de différents corps de police qui continuent toujours de dresser des dossiers qui finiront par tomber sur les bureaux de la Couronne. Nous assistons à une relève de la garde parmi les fripons, comme il y a 40 ans, au temps de la Commission Cliche.
RépondreSupprimercé bin vra côliss
SupprimerRainette, sois raisonnable, ma grenouille adorée, apprend à laisser la place aux plus jeunes. Le temps qu'ils se fassent la main sur des enveloppes brunes et aller en croisière sur le Touch.
Supprimerfinalement le monde aime moins Denis ici http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/11/11/denis-coderre-david-desha_n_4255648.html
Supprimeren fait ça va avec ton avant dernier billet : le monde y aime denis
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