dimanche 26 décembre 2010

Le pape est parti en orbite!

Caricature. Pape et condom.


LE PAPE EST PARTI EN ORBITE!

- Le pape est parti en orbite! s’écrie mon jeune neveu, après avoir écouté le bulletin de nouvelles (je n’ai pas de neveux, mais faisons comme ci).

Décidément, ces mots d’enfants sont toujours pleins de gaietés et de spontanéités! Mais, quand même, comme disait le Capitaine Bonhomme, la chose demande vérification. Je scrute sur mon écran d’ordinateur, et la NASA n’annonce aucun départ de ses navettes pour la période du temps des fêtes. Donc, il a mal compris ce que la speakerine a annoncé. Puis, je me rassure et je comprends. Ah oui! C’est sans doute la bénédiction urbi et orbi qu’elle a voulu dire!

- Pourquoi est-ce qu’on envoie le pape en orbite? me demande mon génial neveu pourtant si peu ferré en latin.

- Eh bien, oui, les papes vont en orbite. D’ailleurs sa grande aube blanche, n’est-elle pas à l’image d’un suit de cosmonaute?

- Oui, mais il n’a pas de globe sur la tête. Dans l’espace il n’y a pas d’air, comment fait-il pour respirer?

- (Je n’étais pas pour lui dire que Paul VI avait bradé la tiare sertie de pierreries au mont-de-piété pour payer les frasques du concile Vatican II et que depuis, les papes ne portaient plus qu’un vulgaire bonnet d’âne en carton. À l’âge qu’a mon neveu, on est si sensible, alors, il fallait bien que je tricote un peu…) Le pape n’a pas besoin de respirer, d’ailleurs, les saints du Paradis, dont il est tout proche tant il est haut, lui envoient des bouffées d’odeur de sainteté qui font l’effet sur lui de magic mushrooms

- Qu’est-ce que des magic mush…?

- C’est comme une hostie, mais l’effet est multiplié par 15, mettons.

- Ah! (je sens une certaine suspicion dans son intonation). Mais alors, pourquoi est-il en orbite?

- C’est parce que les catholiques ont besoin d’une sonde dans le ciel. Il gravite tout autour de la terre afin de chercher une poche encore païenne où il pourrait trouver une grande concentration de crétins prêts à acheter l’idée que s’ils suivent son enseignement, ils iront direct au ciel en mourant après une vie de labeur et de souffrances, et là qu’ils seront accueillis par des saints aussi sympathiques que Benoît Labre, qui ne se lavait jamais et mangeait sur des immondices fécaux dans les écuries et mère Theresa de Calcutta, une splendeur qui aurait fait le centerfold de tous les Playboy si Hugh Hefner avait été catholique!

Là, je sens que je l’ai perdu, qu’il ne me suit plus. Alors que je le redresse et l’assois sur mes genoux pour le conforter:

- C’est normal, repris-je, toutes les religions envoient des spoutniks dans la haute stratosphère afin de trouver des endroits sur terre qui n’ont pas été encore explorés ni sondés. Les sondes des protestants hypocrites, qui sont si nombreuses, chassent les catholiques de leurs fiefs traditionnels d’Amérique latine. Toutes ces sectes vicieuses qui ne pensent qu’à s’amuser avec le pénis des petits garçons et la vulve des petites filles (il faut bien que ses leçons de sexo à l’école l’instruisent assez pour faire fi des mots gnan-gnan tels que quéquette ou branlette!)… Eh puis, il y a l’Afrique où survivent - mais dans quel état! - tant de millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’adonnent encore à l’antique magie scabreuse, …et vois dans quel bourbier ils se sont enfoncés! Non! Rassures-toi mon grand, si le pape venait à s’installer là-bas, convertissant à coups de triques ces chiens d’Infidèles, comme le faisait Ilsa la louve des S.S. qu’il a sans doute bien connu dans sa jeunesse, l’Afrique se porterait mieux. D’ailleurs, c’est pour cela que chaque année, et même à chaque occasion qui se présente, il lance sa bénédiction urbi et orbi, à la ville et au monde. Mais, c’est sûr, il aimerait mieux avoir le monde entier que se contenter d’une ville qui mesure la circonférence de l’enclave du Vatican!

- Mais comment fait-il alors pour revenir sur terre?

- C’est très simple, les fidèles prient très, très fort et ça l’attire; la gravitation, tu sais? Et puis, il redescend tout doucement, et passe par la petite cheminée de la Sixtine, où l’on fait sortir les fumées noires ou blanches lorsqu’il y a conclave.

- Un peu comme le Père Noël?

- C’est ça, comme le Père Noël, les cadeaux en moins.

- Et le saint Frère André? Il est parmi les anges?

- Non, mon grand. Parmi les saints. Les anges n’ont pas de sexe, alors que le frère André…

- Mais il ne s’en servait pas…

- Non mon grand. Mais quand il est né, il était fort bien équipé, ce que les anges du Paradis n’ont pas depuis que Dieu les a créés. Car comme il ne voulait pas de fornication dans son douceâtre Paradis, il les a fait opérer, avant même leur création, pour être certain…

- Comme Bébert, mon chat.

- C’est ça, de sorte que tu pourrais mettre ta main dans leur entrejambe et ne rien palper. Mais si tu glissais ta main dans l’entrejambe du saint curé d’Ars ou de sainte Bernadette Soubirous… Le frère saint André, d’ailleurs, ne palpait pas ses patientes qui venaient lui demander la bénédiction de saint Joseph.

- Mais il ne pouvait le faire, sinon il ne serait pas devenu saint.

- Voilà! Tu as tout compris! Quel enfant intelligent tu fais, lui dis-je en l’embrassant sur le front. (C’est encore permis, je crois.)

- Ça veut dire, que le frère André saint Alfred Bessette vivait dans un milieu où se dégageait un esprit de bonté et de sainteté?

- Mmwooui. Après tout, ce n’était qu’un humble portier au collège Notre-Dame, dirigé par les très onctueux Frères de Sainte-Croix. Ils lui avaient même confié un placard à balais… non un «réduit» pour recevoir les pauvres malades qui venaient implorer ses prières. Une fois, raconte-t-on, une de ces malheureuses s’est présentée en décolleté un peu trop plongeant. Tout de suite, comme Tartuffe - dont tu as vu le film avec le gros Depardieu -, tout de suite, le saint Frère saint André lui a jeté une voilette sur le haut du buste en la disputant très fort que ni saint Joseph, ni Jésus, et a fortiori lui-même, n’accepteraient d’écouter les plaintes d’une femme en tenue aussi indécente.

- Et qu’est-ce qu’il a fait?

- Hum! Je crois qu’il l’a maudite!

- C’est très dur!

- Mais c’était mérité. Comme disent les catholiques: qui aime bien châtie bien.

- Et c’est là, dans ce réduit, qu’il recevait tous ces gens qui faisaient la queue pour le rencontrer?

- C’est ce que nous dit Micheline Lachance, dans sa biographie du Frère André, relancée chaque fois que le saint Bessette fait un pas glorieux vers sa sanctification. Une première réédition la fois qu’il fut reconnu vénérable, puis une autre lorsqu’il fut reconnu bienheureux, et maintenant, lorsqu’il est devenu saint. Le livre reste le même, mais la couverture change, tu peux ainsi suivre la progression sur le parcours du très long chemin, et le nombre de chèques que les Frères de Sainte-Croix ont versés dans le gousset de la Sacré Congrégation pour faire ainsi avancer le procès de canonisation enfin, entendre prononcer un verdict de sainteté.

- Un procès! s’exclame mon neveu tout ébahi. Pourquoi un procès? Qu’avait-il donc fait de si mal le très saint frère Alfred pour qu’on l’accuse de quoi que ce soit.

- Il faut toujours un procès en canonisation, car un saint, c’est comme un noble à la cour de Dieu. Tu sais, comme les rois autrefois, ils avaient des nobles parmi leurs courtisans qui ne cessaient de les faire chier avec toutes sortes de demandes stupides. Tu liras les Mémoires de Saint-Simon ou les passionnantes lettres de Madame de Sévigné à la cour de Louis XIV, et tu comprendras. C’est ça que Dieu vit au Paradis. Et comme il ne peut pas entretenir des drôles et des corrompus dans sa cour céleste, il faut que le Vatican et ses saints Offices puissent enquêter afin de savoir si la vie du postulant est bien ce qu’on dit qu’elle est. La crédulité des petites gens est tellement grande qu’ils pourraient pousser des Raspoutine et autres dévergondés jusque sur les plus hautes marches du Paradis.

- La chose s’est déjà produite? d’enquérir mon neveu.

- On ne peut se fier à la foi du charbonnier. Un monsieur très érudit, un anthropologue historien, Jean-Claude Schmitt, raconte l’histoire de saint Guinefort, qui aurait vécu au XIIIe siècle, et qu’on disait guérir les enfants. Eh bien, il a trouvé qu’il s’agissait en fait d’un chien qui aurait secouru un enfant qui allait se noyer et que les paysans auraient tué par inadvertance. Pris de remords, ils en ont fait un saint intercesseur. Au début des années 1960, un tas de saints et de saintes issus de la Légende dorée ont été balayés du calendrier parce qu’on s’est aperçu qu’ils n’avaient jamais, jamais existé et que tout ce temps où on avait prié ces saints, qui ne pouvaient être efficaces puisqu’ils n’avaient jamais existé, toutes ces prières s’étaient donc perdues et avaient été vaines, alors qu’elles auraient sûrement sauvé des tas de vies si elles s’étaient adressées à des personnes ayant vécu et ayant eu l’oreille complaisante de Dieu. Voilà pourquoi, l’Église ne voulant plus être la risée des voltairiens sceptiques, enquête sur la rectitude de la vie du postulant. Et pour cela, ça demande beaucoup, beaucoup d’argent.

- Pourquoi tant d’argent?

- Il faut que la curie romaine, c’est-à-dire la cour sénatoriale des cardinaux tous vêtus de rouge, envoie des enquêteurs sur place, qu’on puisse les loger, les nourrir, leur fournir leur transport par Alitalia, les promener jusqu’aux témoins, devenus sourds, aveugles et muets afin de recueillir leurs témoignages si précieux. Ainsi, à l’Oratoire, ils ont dû tenir une statistique depuis 1937 afin de voir combien, par année, s’ajoutaient de béquilles, de cannes et autres instruments de paraplégiques afin de calculer la progression de «potentiels» miracles dont on pouvait établir un lien entre la foi du croyant et l’efficacité performante du frère saint André. C’est pour cela qu’autrefois, les Cyniques, l’un des groupes favoris de mon onc’, appelaient l’Oratoire, le Miracle Mart. Ensuite, il faut étudier les documents d’époque. Ses cartes de punch quand il arrivait ou quittait son réduit. Le nombre de fois que la petite clochette s’agitait pour dire qu’il était temps de passer à un autre fidèle tuberculeux ou poliomyélite. Le laisser trois minutes tout seul, c’était suffisant pour que Satan lui propose de commettre des péchés innommables…

- C’est bien difficile de devenir un saint, déchanta l’enfant en entendant tout cela.

- Et puis, même si on ne commet pas soi-même de péché, il y a, comme dans les airs, quand on est en avion, des zones de turbulence pécheresse qui nous enveloppe un peu partout. Tu sais tout ce qu’on dit sur certaines pratiques douteuses tolérées chez les Frères de Sainte-Croix. Tu as vu comme moi l’émission «Enquête», avec son joyeux bout d’entrain, le journaliste Alain Gravel, qui aurait aimé se faire inviter sur le yacht de Fat Tony Acurso pour pouvoir le filmer à son insu et lui faire déballer toute la liste de députés, de syndicalistes et de ministres véreux qui ont été s’épivarder dans les mers du Sud… Bref, qui sait si pendant que le saint André saint jetait une voilette sur la toilette de la méchante femme, il n’y avait pas, dans une cellule, à l’étage supérieur, un frère enseignant qui montrait à un élève, dans la plus stricte intimité, à conjuguer l'expression «mets ton diable dans mon enfer» au plus-que-parfait du subjonctif avec le qu… et les assent que la règle de conjugaison impose. Comme l’impôt foncier, les péchés qui se commettent près de nous augmentent notre complicité tacite, même chez les plus saints!

- Oui, mais si le saint frère André ne le savait pas, lui?

- Alors son âme plaidera pour les circonstances atténuantes. Un peu comme pour Louis XVI et Richard Nixon.

- C’est injuste! se révolta alors mon fidèle neveu.

- Mais de quel procès peut-on dire qu’il est parfaitement juste. Il ne suffit pas qu’un accusé soit suspecté d’un crime pour le reconnaître coupable. Il faut qu’un jury de douze personnes dise qu’il est coupable pour qu’il le devienne effectivement, même si ce n’est pas lui qui a, «positivement», commis le crime.

- Alors, même le ciel peut se tromper?

- Eh oui, mon grand. Qui connaît la volupté masochiste que prenait saint Benoît Labre à manger les restants de soupe de l’auberge jetés sur les excréments de chevaux de l’écurie, ou si mère Theresa de Calcutta ne s’est pas touchée en éprouvant quelquefois des sursauts de concupiscence, même rien qu’une seule fois…! Même les inquisiteurs les plus chevronnés peuvent se laisser prendre par la foi simple et innocente du bon peuple croyant.

- Donc, si je prie le frère saint André, je pourrais prier un saint qui a commis des péchés?

- Mais tous les saints ont, un jour ou l’autre de leur vie, commis un péché. Prends saint Paul, le premier grand prédicateur et théologien de l’Église. Il a commencé sa carrière en pelotant saint Étienne de cailloux jusqu’à le tuer. Mais ils se sont réconciliés au Paradis. Le bon Dieu a dit à Étienne qu’il devait périr lapider pour permettre la conversion de saint Paul qui a entraîné la conversion de plus de gens dans la nouvelle foi que lui seul, Étienne, n’aurait pu jamais en entraîner avec toute sa ferveur mystique. Et Étienne a compris qu’il fallait des sacrifiés pour la cause… Il y a une économie psychique de la foi qui vaut toutes les règles de l’économie capitaliste.

Je crois alors m’être entraîné un peu trop loin. Après tout, mon neveu n’est pas encore à l’âge de lire le lourd traité sur les impôts de David Ricardo! Je sens qu’il est étourdi par tant de logique abstraite. Je profite d’un moment de silence pour écouter la suite du bulletin d’informations où la speakerine nous informe que des joueurs de l’équipe de hockey du Canadien se sont rendus à l’hôpital Sainte-Justine pour remettre des jouets aux enfants qui, à cause de leurs traitements, n’ont pu passer Noël en famille. Je me sens conforté lorsqu’elle annonce que les «petits enfants ont pu survivre à la période des fêtes».

C’était décidément très triste de voir cette petite fille atteinte d’un cancer des os - le plus douloureux dit-on - qui suivait traitements de chimio par-dessus traitements expérimentaux. Blottie et pleurant entre les bras de sa mère, sachant que c’était peut-être là son dernier Noël, elle célébrait le courage de sa mère dans l’épreuve et lui disait combien elle l’aimait. Cette simplicité humaine chez une enfant qui avait érigé, sur Internet, son propre site pour récolter des fonds pour venir en aide à la recherche sur le cancer, renvoyait bien des institutions priantes dont le militantisme consiste seulement à ramasser de l’argent pour avoir le privilège de donner le premier saint à la nation québécoise! Que peut-on dire d’autres des Frères de Sainte-Croix, dont la richesse amassée en plus d’un demi-siècle par les frais de scolarité des Collèges Notre-Dame et de Saint-Césaire, et les donations faites à l’Oratoire Saint-Joseph, plus la collection complète des œuvres peintes du Frère Jérôme font un joli petit capital, et qui nient, pour n’avoir pas à payer, les crimes de pédophilie qui ont été commis entre les quatre murs de leurs saintes institutions d’enseignement. Mais, peut-on le leur reprocher quand WikiLeaks nous apprend que Benoît XVI, le pape en orbite, a tout fait pour dissimuler ou soustraire les prêtres pédophiles à la justice criminelle des différents pays où les crimes avaient été commis? Ses regrets sont arrivés forcés et bien tard! Prêts à payer, oui, pour le silence. Payer comme mesure réparatoire, il n’en est pas question. Tel est, et tel a toujours été le comportement de l’Église qui préfère nier les faits, nier l’Histoire, plutôt que de reconnaître, une fois pour toute, qu’elle n’est pas une institution divine mais rien qu’une institution humaine. Lorsque Gilles de Rais, à son procès, avoue qu’il a fait subir à des dizaines d’enfants des sévices corporels, la mort et la mutilation de leurs corps pour satisfaire ses besoins d’argent en faisant célébrer des messes noires dans son château de Tiffauges, les fidèles assemblés à l’église où se déroulait le procès se sont mis à pleurer avec lui. Pourtant, il y avait, parmi eux, des parents des enfants - des parents dont certains, il est vrai, avaient été vendre eux-mêmes leurs propres enfants au maréchal de Rais -, mais la repentance était partagée et l’aveu ne libérait pas seulement le sombre maréchal, mais toute la population témoin et complice de l’horreur. Que sont les crimes de nos clercs modernes comparés à ceux du sinistre maréchal, jadis compagnon de «sainte» Jeanne d’Arc, pour qu’on doive les dissimuler dans l’omerta cléricale et refuser d’en payer le tribut? Pourquoi les fidèles auraient-ils à payer leurs fautes et les clercs se voir épargnés de payer pour leurs odieux crimes? Pourtant, l’os reste coincé dans la pomme d’Adam de l’ex-cardinal Ratzinger, conseiller en matière dogmatique sous Jean-Paul II et aujourd’hui pilote de cette machine à fabriquer des péchés et de la culpabilité payante qu’est l’Église catholique:

Sobald das Geld im Kasten klingt
Die Seete aus dem Fegfeuer springt

«Sitôt l’argent tinte dans la cassette, sitôt l’âme saute hors du Purgatoire». Ce dicton allemand que ne peut ignorer le très germanique cardinal Ratzinger était celui que les Allemands lançaient contre les percepteurs qui, tel le fameux Tetzel à qui l’on lançait les vers cités ci-dessus, étaient venus chez eux percevoir la différence en argent afin d’ériger une nouvelle basilique à Rome en 1517, sous Léon X. Cette basilique devait coûter la perte d’une partie de l’Europe catholique passée directement au protestantisme, d’abord avec Luther, et plus tard avec Calvin. Ce jour-là, la sonde Léon X aurait pu envoyer à la Terre son message «Roma, we have a problem»…

Après ce lourd silence méditatif, mon neveu reprend le dialogue.

- Si, comme le dit le pape, Dieu est le sens de toute notre existence, pourquoi alors s’amuse-t-il à nous faire subir de si douloureuses épreuves, comme cette petite fille qui va peut-être mourir après avoir tant souffert? En quoi le ciel a-t-il à gagner de tant de souffrance?

- Le pape a dit ça parce que le pape est plus proche de Dieu qu’il n’est proche des hommes. C’est lui le dernier bastion qui reste, avec quelques mollahs musulmans têtus, un Dalaï lama radoteux et une poignée de prédicateurs protestants américains complètements déchaînés pour protéger Dieu de l’assaut de l’incroyance et du blasphème. Over my dead body! pense Benoît XVI dès que l’on parle de l’ordination des femmes, de la réconciliation avec les divorcés, de la reconnaissance de l’homosexualité, de toutes ces femmes adultères et de ces sodomites qui sont un affront à la perfection de la création divine. Les droits de l’homme, oui, mais après ceux de Dieu. L’Église catholique ne s’est jamais réconciliée sincèrement avec la modernité. Elle en a tiré, avec opportunisme, tout ce qui lui permettait de survivre contre les idées modernes qui lui étaient hostiles et que des gouvernements, autrefois complaisants, lui refusaient désormais par le recours au bras séculier. Si, autrefois, le pape Grégoire XVI au XIXe siècle, refusait que des trains traversent les terres des états de l’Église, afin de ne pas amener le diable sur la terre sainte, ce n’est pas pour, aujourd’hui, permettre que l’éventuelle liqueur séminale qui contiendrait le germe du Second Avènement du Christ se perde dans un des «vaisseau» non prévu à cet effet. Encore moins un condom en caouthchouc. S’imagine-t-on Marie et Joseph, au lieu de se retrouver dans l’étable le soir de la Nativité, se donnaient rendez-vous dans la salle d’attente d’une clinique Morgentaler? Ça va un peu comme la fable du battement d’aile d’un papillon… Aujourd’hui, il n’y aurait pas de pape en orbite pour sonder les cœurs et les portefeuilles des chrétiens. Le pape est là pour Dieu et Dieu est là pour le pape, non pour les fidèles qui sont rien sans Lui. C’est ça le message de l’évêque de Rome en ce jour de Noël 2010. Il faut que tu te rentres bien ça dans la tête: tu n’es rien sans Dieu.

- Mais que serait Dieu sans nous?

- Blasphème! Dieu est tout, avec ou sans nous. Dieu c’est l’espace, c’est le temps, il est partout et tout le temps, sans commencement ni fin. Il est hors catégorie. C’est pour cela que nous ne devons pas empêcher son existence en se proclamant athée ou même agnostique, car l’enseignement de l’Église nous dit qui est Dieu: il est tout, avec ou sans nous, etc. (Moi, je préfère être agnostique, ainsi, s’il existe, je ne l’empêche pas d’exister, et, comme Pascal qu’on ne peut accuser de légèreté d’esprit, je me donne une chance d’avoir raison avec lui, et une autre d’avoir raison contre lui, mais mon frère - ou ma sœur, à votre choix - est très bigot.) Sinon…

- Sinon?

- C’est l’enfer, et tu seras privé du baiser de paix de saint Benoît Labre et d’être pris entre les bras de sainte Theresa de Calcutta…

- Et de la bénédiction souriante du saint Frère saint André saint Alfred saint Bessette?

- Exactement. (Je n’étais pas pour lui dire qu’à tout cela je préférerais l’enfer avec tous ceux que j’aime plutôt que d’aller m’écraser, pour l’éternité, dans ce trou perdu à contempler un Dieu sadique dans toute sa splendeur!) Aussi, lui dis-je en le reconduisant dans sa chambre pour qu’il me fiche la paix et aille jouer avec son Playstation 3, si jamais tu vois un gay porté sur un bûcher pour péché de sodomie (et qu’il ne soit pas Frère de Sainte-Croix) ou une méchante petite fille qui s’est fait avorter à 16 ans sans la permission de ses parents, tu feras comme cette vieille femme qui apporta, le 6 juillet 1415, un fagot au bûcher de Jan Huss condamné par le saint Concile de Constance, parce qu’elle avait entendu dire que cela lui ferait gagner des Indulgences lorsque viendrait pour elle le temps de sortir du Purgatoire pour sauter au ciel. Et Jan Huss de soupirer: Sancta Simplicitas
Saint Frère saint André saint Alfred saint Bessette
qui ne savons plus qui nous sommes, priez pour nous pauvres pécheurs.
Montréal
26 décembre 2010

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