POURQUOI STEPHEN HARPER RISQUE DE PASSER POUR LE PLUS GRAND PREMIER MINISTRE DU CANADA DU XXIe SIÈCLE
Ce texte contient des scènes politiques,
de nudité et de sexe qui pourraient ne pas
convenir à tous les lecteurs. La S.R.C.
préfère vous en avertir. C’est terrible avoir à penser cela. Les politiques de Harper sont méprisables au plus haut point et nous devrions en avoir moralement et intellectuellement une honte des plus blessantes : la démagogie partisane, l’effronterie internationale, le mépris des peuples, l’impérialisme nordique, le militarisme effréné, le nationalisme borné, l’anti-intellectualisme primaire, et sans doute que chacun d’entre vous y ajouterait sa pierre personnelle. Si Stephen Harper était la femme adultère de la parabole, personne ne se retiendrait de lui lancer sa pierre.
Nous regardons ainsi le «règne» de Stephen Harper car nous payons, par notre travail, nos taxes, nos impôts et les compressions budgétaires imposées, le prix de ses politiques démentes. Nous ne pouvons avoir sous les yeux la dimension des temps à venir qui replaceront dans une perspective logique cette débauche de politiques asociales.
Reportons-nous un peu plus d’un siècle en arrière. Un Bismarck aurait pu
recevoir autant de pierres de la part des Allemands de son époque,
toutes classes confondues, que notre Harper; mais, à travers son empressement à donner des politiques de sécurité sociale aux Allemands, il coupait l'herbe sous le pied de ses adversaires socialistes, de même que par sa diplomatie militaire de n’ouvrir
qu’un seul front à la fois, il donnait une sage défensive à laquelle le
Troisième Reich de Hitler a pu s’imposer pendant deux ans à l’ensemble
de l’Europe. Rompant avec la politique
bismarckienne, il signait l’arrêt de mort de son régime - et le sien. Voilà pourquoi, aux yeux du XXe siècle, Bismarck fut un grand
chancelier et un homme d’État occidental incomparable. Dans un siècle,
il est probable que nous dirons la même chose de Stephen Harper et, eh
oui, c’est tout aussi affligeant.
Malgré les vains efforts de Yann Martel - l’auteur du Livre de Pi -
d’initier notre Premier ministre du Canada à la grande littérature, on
peut se demander, à part des cahiers à colorier, quel livre cet esprit a bien pu lire par le passé? Ne rions pas. Harper a parfaitement assimilé le
Machiavel pour les nuls. Il a retenu chacune des leçons du Prince avec
une parfaite amoralité devant la prise et la conservation du pouvoir.
Nous ne l’aimons pas? Ça ne l’affecte nullement, tant il sait que la
crainte est meilleure garantie que l’affection. Nous le trouvons
opportuniste? Tant mieux, il servira les intérêts de ses bailleurs de
fonds avec moins de circonspection. Il tient ses amis proches mais ses
ennemis encore plus proches? Cela lui a évité bien des dérapages. Contre les trudeaumanes et coupant l'herbe sous le pied du Bloc Québécois, il a
octroyé la reconnaissance de la nation québécoise sans que cela ne lui coûte aucune application réelle de cette reconnaissance. Nous le
trouvons caché sous le jupon de la reine, et c’est la Banque
d’Angleterre qui vient débaucher le président de la Banque du Canada
pour redresser ses finances. Sont-ce là de ces ruses de la raison que
Hegel voyait parfois s’immiscer dans la dynamique de l’Histoire?La conséquence du machiavélisme appliqué consiste essentiellement à hisser le Prince au-dessus des lois, ce qui dans le temps avait appelé la réplique légaliste de Jean Bodin. Les résultats deviennent la mesure morale des moyens utilisés, ce qui a entraîné la répulsion des vertueux habitants des sépulcres blanchis. Le principe de réalité qui impose
le
pouvoir, le commandement, la direction, a pour effet la castration,
l’impuissance et la soumission et, malgré nos cris de protestations,
personne ne se lève pour appeler à abattre le tyran. L’opposition s’auto-muselle
avec des chefs politiques qui n’ont ni une vision utopique ni l’enthousiasme du
combattant qui résisterait à une tyrannie. On ose même pas
utiliser le mot ni le ton tant notre conception dévirilisée de la
démocratie bloque ce mot dans le fond de notre gorge. Le
libéral-démocrate Thomas Mulcair - Tom, car s’il y a Tom au Parlement il
n’y a pas Steve en face de lui -, Tom Mulcair donc, n’est qu’un bon
batailleur mais pas un condottieri capable de foudroyer le dragon.
Tant qu’à Mini-Pet, laissons-le avec sa mini-buste. La tête enflée
grosse comme les seins de sa femme ne mérite pas qu’on s’y arrête un
instant de peur de prendre une vessie pour une lanterne.Contrairement à ses adversaires politiques, Stephen Harper a une vision du Canada, une vision qu’il est prêt à imposer contre le monde entier, comme nous l’avons constaté dès le temps où il dirigeait un gouvernement minoritaire et qu’il a versé son pétrole des sables bitumineux albertains
dans le carburateur de Kyoto. Contre le monde entier - et
surtout l’Europe -, il s’est mis au défi d’avoir raison jusqu’à envoyer
son ministre des ressources naturelles oser dire face à la communauté
européenne que le pétrole des sables bitumineux était une source
d’énergie écologique! Machiavel aurait apprécié une telle gifle. Et,
contrairement à il y a cinq ou six ans, les Européens ont avalé la
pierre sans gourmander! Il se peut que les Européens commencent à
entrevoir ce qu’a été, depuis toujours, le plan Harper. Et ne parlons
surtout pas d’agenda caché, car tout est là, sous nos yeux, comme la
Lettre volée d’Edgar Poe. C’est nous qui nous refusons obstinément de voir, car la peur
de percer «le monde selon Harper» nous effraie tant elle pourrait nous séduire. Pourtant, c’est bien cette
vision d'une poétique de l'avenir du Canada qui l’inspire dans ses décisions.
1. La démagogie partisane
Nous avons parlé de la démagogie partisane qu’utilisait Harper dans ses discours et sa rhétorique pour vendre ses projets de loi. Harper est un tyran. Nous associons immédiatement la négativité au mot de sorte qu’il apparaît redondant de dire que Harper est un «tyran mauvais». Mais certains conservateurs trouvent sans doute que Harper est
un bon tyran.
Parce qu’il promeut leurs intérêts, mais aussi parce qu’il
obéit à une tradition politique canadienne qu’on a vu à maintes
reprises se répéter par le passé. J’ignore si Harper est ou non un grand lecteur,
mais il a probablement lu le Duplessis de Conrad Black. Le baron de la
presse conservatrice - un temps noble siégeant à la Chambre des Lords, un
temps prisonnier dans les cachots américains -, avait écrit cette lourde
biographie (mal-faite) du Premier ministre du Québec Maurice Duplessis
(1936-1959). La démagogie avec laquelle Duplessis méprisait ses
adversaires libéraux T.-D. Bouchard et G.-É. Lapalme; l’utilisation
qu’il faisait du terrorisme de la Guerre Froide pour saisir - la
célèbre loi du cadenas - les pamphlets de gauche; l’utilisation
également qu’il faisait de la Police Provinciale pour matraquer les syndiqués; la
manipulation idéologique du clergé catholique, le duplessisme était une
politique démagogique de droite où l’autoritarisme se moquait du processus
démocratique grâce à la corruption et au trafic des scrutins. Les
récents scandales qui ont éclaboussé le gouvernement conservateur entraînés par des sénateurs rapaces et des conseillers maladroits ont, pour les
Québécois, un air de déjà-vu. Mais Harper a hérité un autre aspect de la
démagogie de Duplessis. Il ne se met pas lui-même en cause. Alors que
l’Union Nationale, le parti politique de Duplessis, a rempli ses coffres et ceux de l'État
avec la «petite loterie» des corrompus, Duplessis est mort plutôt pauvre.
C’est avec l’argent de la corruption de l’Union Nationale que les
Libéraux de Jean Lesage et de son «équipe du tonnerre» nous ont payé la
Révolution tranquille de 1960. Harper et Duplessis, chacun à leur façon,
font passer les intérêts de leur clientèle respective avant la
satisfaction de leurs biens personnels.
Le modèle duplessiste, et on l’oublie trop souvent, n’était pas propre au
Québec mais se trouvait généralisé dans l’ensemble du Canada
d’après-guerre. Malgré les discours sur «l’autonomie provinciale» de
Duplessis, ce dernier partageait la même politique que son vis-à-vis
ontarien de l’époque le libéral Mitchell Hepburn (1934-1942). Plus tard, le
premier ministre Harris de l’Ontario (1995-2002), dont Harper a repris le
ministre des finances Flaherty, a «bossé» sa province avec le même
mépris conservateur de Duplessis. Enfin, l’Alberta n’est pas absente de
ce décor sinistre avec le règne de Ralph Klein (1992-2006), un règne de
14 ans comparable au règne de Duplessis de 1944 à 1959, et sous lequel
l’explosion économique de la province s’est réalisée. Avec la même
brutalité, Harris et Klein ont mis les Ontariens et les Albertains sous
la coupe des politiques budgétaires de compressions des dépenses de
l’État pour laisser l’entreprise privée les mains libres d’agir comme
bon lui semblait.
Duplessis et, à un moindre degré, Harris et Klein ont
vendu les richesses naturelles et méprisées les ressources humaines avec
une même désinvolture. Ce sont là les vrais précepteurs de Stephen
Harper. On comprend mieux comment il a pu abroger la session de la
Chambre des Communes pour se permettre de continuer à gouverner comme il
l’entendait. Le fossé qu’il a creusé entre la Tribune journalistique et
télévisuelle avait pour but de montrer qu’il n’avait que faire du «quatrième pouvoir»
tant le seul vrai pouvoir réside entre les mains de ceux qui ont de
l’argent. La force de la démagogie partisane, malgré les grincements de
dents des «Alliancistes» qui voudraient voir revenir en quatrième
vitesse la loi interdisant l’avortement et la peine de mort, lui permet de se garantir du côté de l’aile (extrême)-droite du Parti Conservateur.
Elle lui est même utile tant elle rassure les mouvements gauchisants
que, au fond, Harper reste le meilleur barrage contre les défoulements
hystériques de ces républicains américains qui se sont trompés de pays.
2. Le mépris des peuples
Le corollaire de la démagogie est toujours le mépris des électeurs, en fait des peuples. Les Libéraux se sont scandalisés de la reconnaissance de la «nation» québécoise par le gouvernement conservateur et ce n’était là que des mots. Mais ce mot à en même temps montré qu’il ne signifiait plus grand chose au-delà du «sentiment d’appartenance» à une ethnie parmi d’autres. Mieux que le multiculturalisme à la Taylor et à la Trudeau, Harper a livré à Gérard Bouchard l’interculturalisme dont il se fait le défenseur. Le Canada est un devenu un lieu d’échanges entre différentes cultures sans
pour
autant attribuer à aucune d’elles des «privilèges» autrement celui
d’exprimer leurs traditions. En ce sens les individus ne sont plus noyés
dans l’anonymat de l’isolisme, mais «parqués» dans des champs culturels (des ghettos imaginaires?)
qui se doivent mutuels respects. Des centres urbains comme Vancouver,
Toronto et même Montréal y trouvent leur profit, tandis qu’on peut
librement parler de la «culture albertaine» ou de la «culture
néo-écossaise» avec le même sérieux que la culture québécoise. Il ne suffirait qu’elles demandent
la reconnaissance de leur «identité nationale» pour que le gouvernement
conservateur le leur accorde. Nous revenons ainsi à l’antique définition
féodale de la «nation» qui s’associait à toutes sortes de groupes unis
par un caractère commun. Les femmes pouvaient, à elles seules,
former une «nation» dans un royaume et, pourquoi pas, les gays et lesbiennes dans le monde du XXIe siècle?
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la réaction viscérale du gouvernement du Parti Québécois à travers sa «charte de la laïcité». Cette chasse aux symboles religieux, autant qu’elle est pathétique, témoigne à quel point l’identité québécoise est au plus bas. Une collectivité - une nation - sûre d’elle-même ne crains pas les symboles autres que les siens. Plutôt qu’agir en majorité qui assimile les apports extérieurs, le projet
du Parti Québécois retombe dans la vieille maladie de
l’ultramontanisme du XIXe siècle, c’est-à-dire bannir, refouler, repousser à sa
circonférence, les «étranges» - comme on disait dans le bon vieux temps
d’Hérouxville! -, et se camper sur un quant à soi défensif et obsidional
qui va jusqu’à sacrifier le crucifix catholique avec le
niqab de la musulmane, le turban du sikh ou «l’assiette à tarte velue» de l'hassidique. Cette
façon de se nier soi-même dans son historicité et son Être collectif,
s’insère insidieusement dans la façon de rejeter les autres dans leurs
cultures et leurs traditions. Les suggestions de la politique Marois
ouvrent à l’existence de ghettos fermés (y compris les régionalismes québécois) et s’engagent dans la trace laissée par les
honteuses lois de Nuremberg de 1935 en interdisant implicitement l’accès
à la fonction et aux services publiques pour ceux et celles
qui refuseraient de cacher leurs signes distinctifs. Alors que ceux qui se décoreront la peau d'affreux tatouages, se grefferont le visage de piercings, ou se vêtiront de costumes fantaisistes pourront servir d'infirmières ou de professeurs! L’ultramontanisme conservateur et nationaliste du XIXe siècle renaît
dans le nationalisme péquiste à la dérive, et c’est dans cette dérive
que réside essentiellement le problème.
Bref, en reconnaissant la «nation québécoise», Stephen Harper l’a déstabilisée. Il lui a donné ce que les nationalistes libéraux du Québec demandaient depuis Robert Bourassa : la reconnaissance de la société distincte sans pour autant lui accorder plus qu'un droit de retrait avec compensation. Voilà pourquoi l’apprenti-chef du P.L.Q. Philippe Couillard s’avoue prêt à signer la Constitution de 1982 demain matin! C’est mieux que ce que les trente années des gouvernements Trudeau, Mulroney et Chrétien sont parvenus à obtenir. Ruse machiavélique? Bien évidemment, mais le résultat en vallait la peine.
Il en va de même avec les Autochtones. Ceux-ci étaient particulièrement «choyés» du temps des Trudeau, Chrétien et Paul Martin. Les Pow Wow avec longs chapeaux à plumes et calumets de paix qu'on se passait de main en main pendant que la pègre autochtone encaissait les chèques du gouvernement
fédéral et
abandonnait leurs peuples à leurs conditions misérables est bien loin. Pour Harper,
les «Premières nations» ne sont …que des nations. Comme les Québécois,
ce sont des cultures en interconnexion les unes avec les autres. Pas de
quoi déverser l’empathie des «sanglots longs de l’homme blanc», et la
chef Theresa Spence pourra toujours poursuivre sa grève de la faim sous
la fenêtre du Premier ministre, elle ne l’empêchera pas d’aller accueillir les
deux pandas de Chine au zoo de Toronto. Idle-no-More n’est pas le Parti
Québécois et la multiplication des pétitions que personne ne lit
n’inquiète pas davantage. En ce sens, un gouvernement qui ne respecte
pas ses peuples ne peut respecter davantage les autres peuples. Que le
gouvernement conservateur coupe l’aide financière à des organismes qui
font la promotion de la contraception dans des pays où se transmet le
sida et ou la surpopulation crée des situations intolérables pour les plus
pauvres, il sert ainsi les objectifs moraux de son électorat de la moral majority sans grever les mœurs canadiennes. En ce sens, le mépris que Machiavel - et le Prince -
portaient aux hommes se retrouve dans les décisions politiques du
gouvernement conservateur. L’indifférence aux changements climatiques
avoue que ces hommes et ces femmes qui décident de l’avenir de
l’ensemble des Canadiens, et non seulement de quelques groupes
d’intérêts particuliers, font petite monnaie des conditions
d’adaptation de l’avenir.
Le corollaire de la démagogie est toujours le mépris des électeurs, en fait des peuples. Les Libéraux se sont scandalisés de la reconnaissance de la «nation» québécoise par le gouvernement conservateur et ce n’était là que des mots. Mais ce mot à en même temps montré qu’il ne signifiait plus grand chose au-delà du «sentiment d’appartenance» à une ethnie parmi d’autres. Mieux que le multiculturalisme à la Taylor et à la Trudeau, Harper a livré à Gérard Bouchard l’interculturalisme dont il se fait le défenseur. Le Canada est un devenu un lieu d’échanges entre différentes cultures sans
pour
autant attribuer à aucune d’elles des «privilèges» autrement celui
d’exprimer leurs traditions. En ce sens les individus ne sont plus noyés
dans l’anonymat de l’isolisme, mais «parqués» dans des champs culturels (des ghettos imaginaires?)
qui se doivent mutuels respects. Des centres urbains comme Vancouver,
Toronto et même Montréal y trouvent leur profit, tandis qu’on peut
librement parler de la «culture albertaine» ou de la «culture
néo-écossaise» avec le même sérieux que la culture québécoise. Il ne suffirait qu’elles demandent
la reconnaissance de leur «identité nationale» pour que le gouvernement
conservateur le leur accorde. Nous revenons ainsi à l’antique définition
féodale de la «nation» qui s’associait à toutes sortes de groupes unis
par un caractère commun. Les femmes pouvaient, à elles seules,
former une «nation» dans un royaume et, pourquoi pas, les gays et lesbiennes dans le monde du XXIe siècle?C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la réaction viscérale du gouvernement du Parti Québécois à travers sa «charte de la laïcité». Cette chasse aux symboles religieux, autant qu’elle est pathétique, témoigne à quel point l’identité québécoise est au plus bas. Une collectivité - une nation - sûre d’elle-même ne crains pas les symboles autres que les siens. Plutôt qu’agir en majorité qui assimile les apports extérieurs, le projet
du Parti Québécois retombe dans la vieille maladie de
l’ultramontanisme du XIXe siècle, c’est-à-dire bannir, refouler, repousser à sa
circonférence, les «étranges» - comme on disait dans le bon vieux temps
d’Hérouxville! -, et se camper sur un quant à soi défensif et obsidional
qui va jusqu’à sacrifier le crucifix catholique avec le
niqab de la musulmane, le turban du sikh ou «l’assiette à tarte velue» de l'hassidique. Cette
façon de se nier soi-même dans son historicité et son Être collectif,
s’insère insidieusement dans la façon de rejeter les autres dans leurs
cultures et leurs traditions. Les suggestions de la politique Marois
ouvrent à l’existence de ghettos fermés (y compris les régionalismes québécois) et s’engagent dans la trace laissée par les
honteuses lois de Nuremberg de 1935 en interdisant implicitement l’accès
à la fonction et aux services publiques pour ceux et celles
qui refuseraient de cacher leurs signes distinctifs. Alors que ceux qui se décoreront la peau d'affreux tatouages, se grefferont le visage de piercings, ou se vêtiront de costumes fantaisistes pourront servir d'infirmières ou de professeurs! L’ultramontanisme conservateur et nationaliste du XIXe siècle renaît
dans le nationalisme péquiste à la dérive, et c’est dans cette dérive
que réside essentiellement le problème.Bref, en reconnaissant la «nation québécoise», Stephen Harper l’a déstabilisée. Il lui a donné ce que les nationalistes libéraux du Québec demandaient depuis Robert Bourassa : la reconnaissance de la société distincte sans pour autant lui accorder plus qu'un droit de retrait avec compensation. Voilà pourquoi l’apprenti-chef du P.L.Q. Philippe Couillard s’avoue prêt à signer la Constitution de 1982 demain matin! C’est mieux que ce que les trente années des gouvernements Trudeau, Mulroney et Chrétien sont parvenus à obtenir. Ruse machiavélique? Bien évidemment, mais le résultat en vallait la peine.
Il en va de même avec les Autochtones. Ceux-ci étaient particulièrement «choyés» du temps des Trudeau, Chrétien et Paul Martin. Les Pow Wow avec longs chapeaux à plumes et calumets de paix qu'on se passait de main en main pendant que la pègre autochtone encaissait les chèques du gouvernement
fédéral et
abandonnait leurs peuples à leurs conditions misérables est bien loin. Pour Harper,
les «Premières nations» ne sont …que des nations. Comme les Québécois,
ce sont des cultures en interconnexion les unes avec les autres. Pas de
quoi déverser l’empathie des «sanglots longs de l’homme blanc», et la
chef Theresa Spence pourra toujours poursuivre sa grève de la faim sous
la fenêtre du Premier ministre, elle ne l’empêchera pas d’aller accueillir les
deux pandas de Chine au zoo de Toronto. Idle-no-More n’est pas le Parti
Québécois et la multiplication des pétitions que personne ne lit
n’inquiète pas davantage. En ce sens, un gouvernement qui ne respecte
pas ses peuples ne peut respecter davantage les autres peuples. Que le
gouvernement conservateur coupe l’aide financière à des organismes qui
font la promotion de la contraception dans des pays où se transmet le
sida et ou la surpopulation crée des situations intolérables pour les plus
pauvres, il sert ainsi les objectifs moraux de son électorat de la moral majority sans grever les mœurs canadiennes. En ce sens, le mépris que Machiavel - et le Prince -
portaient aux hommes se retrouve dans les décisions politiques du
gouvernement conservateur. L’indifférence aux changements climatiques
avoue que ces hommes et ces femmes qui décident de l’avenir de
l’ensemble des Canadiens, et non seulement de quelques groupes
d’intérêts particuliers, font petite monnaie des conditions
d’adaptation de l’avenir.
3. L'effronterie internationale
D’où le mépris des peuples conduit à cette effronterie internationale qui s’est manifestée surtout dans la suite à donner au protocole de Kyoto sur les changements climatiques (2009). Tous les automobilistes, même les plus conscientisés à la question environnementale, ont été soulagés lorsque Stephen Harper a enterré la taxe sur le carbone que l’ex-ministre Stéphane Dion entendait imposer aux Canadiens. Que Stephen Harper soit l’homme
des
pétrolières n’a rien d’extraordinaire en soi. Nous avons tous oublié les
raisons pour lesquelles le gouvernement de Pierre Trudeau avait fondé
et nationalisé Pétrocanada aux lendemains de la crise du pétrole en
1973, c’est-à-dire explorer afin d'exploiter le pétrole des sables bitumineux de
l’Alberta. Pour l’époque, les coûts mirobolants de l’entreprise coupèrent
vite l’enthousiasme au ministre Marc Lalonde et la retombée des prix du
pétrole suggéra que l’aventure n’en valait vraiment pas le coût. Si Trudeau et
Lalonde avaient persisté dans leur décision, la colère que s’est attiré
Harper serait retombée sur
le Parti Libéral du Canada. En fait, Harper n’a fait que ressortir une
vieille idée des tablettes. Évidemment, le but commercial de
l’entreprise différait de l’orientation que lui donnaient les Libéraux,
qui était, comme pour l’électricité au Québec, d’assurer
l’indépendance énergétique et profiter des raffineries pour
traiter le pétrole issu des terres canadiennes. Le but du gouvernement
Harper est de vendre le pétrole aux Américains afin qu’ils ne touchent
pas trop à leurs propres réserves. De l’auto-détermination énergétique nationale,
nous avons régressé au statut de producteur colonial.
En retour, les plaintes adressées par les puissances étrangères, essentiellement européennes, concernent l’émission du CO2 dégagé essentiellement des automobiles à essence. Comme les grandes métropoles sont concentrées dans l’hémisphère nord, cette accumulation de gaz carbonique
produit plusieurs effets qui ne sont plus remis en doute par
les autorités compétentes. L’effet de serres, qui, progressivement,
transforme notre climat tempéré en climat subtropical, annonce qu’un
jour, le pourtour des Grands Lacs et la vallée du Saint-Laurent
ressembleront à une seconde vallée du Mississippi. Déjà la flore canadienne
- «la flore laurentienne» si minutieusement dessinée par le Frère Marie-Victorin - subit des maux importés des climats du Sud.
Et bientôt, ce sera autour de la faune à se voir chassée vers le nord
par de nouveaux parasites ou de nouveaux prédateurs. Autre effet
pervers, la fonte rapide des calottes polaires. Nous savons depuis 1960
environ que le réchauffement climatique a commencé à être perceptible
dès les années 1860. À l’époque, il n’y avait pas de développement
industriel de l’ampleur de celui qui fait aujourd’hui de la Terre une
boule puante qui circule, toujours sur le même cycle, dans l'espace. Il
n’y avait que l’Angleterre et la Belgique dont on pouvait dire qu’elles
fonctionnaient avec des dépenses élevées de charbons et de matériaux
fossiles. Le phénomène du réchauffement climatique est donc inscrit dans la chronologie
géologique. À cela, la chronologie historique s’est ajoutée au
changement naturel, et n’a cessé de l’accélérer depuis la substitution du
pétrole au charbon. À cela, il faut ajouter que les écologistes n’ont cessé d’étendre
le champ des émetteurs massifs de CO2, allant de la respiration humaine
des mégapoles comme Mexico ou Tokyo aux pets de vaches d’élevages.
La fonte des calottes polaires entraîne de ces effets perturbateurs, tel que l’écoulement de l’eau douce des glaciers qui, plus froide, vient
se mêler aux eaux salées et chaudes des océans. Le grand conducteur marin qui
passe par le détroit du Labrador ne cesse de neutraliser le courant chaud du Gulf
Stream et, par le fait même, souffle l'air froid sur le continent européen.
Outre ce gaspillage insensé des eaux potables, il y a les émanations de
méthane entraînées par la fonte du pergélisol. Ce méthane s’accumule dans
l’atmosphère, augmentant les effets délétères de l’effet de serres. Le
dome qui s’établit ainsi sur l’hémisphère nord doit être analysé non pas
sous l’angle des transformations historiques, mais des changements de
l’écosystème planétaire. Pour Stéphane Harper, toutes ces critiques
intellectuelles relèvent d’un alarmisme qu’il associe au terrorisme.
Dans la lignée du groupe dit des «Lucides» qui gravitait voilà quelques
années autour de Lucien Bouchard, Stephen Harper refuse de se laisser
arrêter par qui que ce soit qui dresse des constats «négatifs» face aux
entreprises de développement économique. Cela vaut aussi bien pour les
inquiétudes manifestées par les Européens que pour les pétitionnaires
canadiens. En refusant de s’engager dans une véritable politique tenant
compte des menaces écosystémiques, la pensée prospectiviste du gouvernement conservateur du
Canada ne dépasse pas les limites de la chronologie historique.
En fait, Stephen Harper fait une lecture «positive» des mêmes données et c’est par hypocrisie et duplicité, à l’image du Prince de Machiavel, qu'il nie les changements climatiques. Pour lui, ces
changements
n’apportent pas que des effets pervers, effets qui seront lents à
s’installer (pense-t-il) et qui permettront de renouveler les entreprises
capitalistes en créant de nouveaux besoins afin d’adapter les Canadiens à
leur nouvel environnement. Ce qu’il calcule, par contre, ce sont les
opportunités économiques que lui offriront ces changements climatiques.
Les économistes et les conseillers financiers du gouvernement
conservateur mesurent l’étendue des bénéfices par la quantité de
territoires aisément rentables qu’entraîneront ces changements. Avant
même le fameux Plan Nord de l’ex-Premier ministre du Québec Jean
Charest, il existait une politique d’expansionnisme, mieux,
d’impérialisme nordique du gouvernement Canadien.
D’où le mépris des peuples conduit à cette effronterie internationale qui s’est manifestée surtout dans la suite à donner au protocole de Kyoto sur les changements climatiques (2009). Tous les automobilistes, même les plus conscientisés à la question environnementale, ont été soulagés lorsque Stephen Harper a enterré la taxe sur le carbone que l’ex-ministre Stéphane Dion entendait imposer aux Canadiens. Que Stephen Harper soit l’homme
des
pétrolières n’a rien d’extraordinaire en soi. Nous avons tous oublié les
raisons pour lesquelles le gouvernement de Pierre Trudeau avait fondé
et nationalisé Pétrocanada aux lendemains de la crise du pétrole en
1973, c’est-à-dire explorer afin d'exploiter le pétrole des sables bitumineux de
l’Alberta. Pour l’époque, les coûts mirobolants de l’entreprise coupèrent
vite l’enthousiasme au ministre Marc Lalonde et la retombée des prix du
pétrole suggéra que l’aventure n’en valait vraiment pas le coût. Si Trudeau et
Lalonde avaient persisté dans leur décision, la colère que s’est attiré
Harper serait retombée sur
le Parti Libéral du Canada. En fait, Harper n’a fait que ressortir une
vieille idée des tablettes. Évidemment, le but commercial de
l’entreprise différait de l’orientation que lui donnaient les Libéraux,
qui était, comme pour l’électricité au Québec, d’assurer
l’indépendance énergétique et profiter des raffineries pour
traiter le pétrole issu des terres canadiennes. Le but du gouvernement
Harper est de vendre le pétrole aux Américains afin qu’ils ne touchent
pas trop à leurs propres réserves. De l’auto-détermination énergétique nationale,
nous avons régressé au statut de producteur colonial.En retour, les plaintes adressées par les puissances étrangères, essentiellement européennes, concernent l’émission du CO2 dégagé essentiellement des automobiles à essence. Comme les grandes métropoles sont concentrées dans l’hémisphère nord, cette accumulation de gaz carbonique
produit plusieurs effets qui ne sont plus remis en doute par
les autorités compétentes. L’effet de serres, qui, progressivement,
transforme notre climat tempéré en climat subtropical, annonce qu’un
jour, le pourtour des Grands Lacs et la vallée du Saint-Laurent
ressembleront à une seconde vallée du Mississippi. Déjà la flore canadienne
- «la flore laurentienne» si minutieusement dessinée par le Frère Marie-Victorin - subit des maux importés des climats du Sud.
Et bientôt, ce sera autour de la faune à se voir chassée vers le nord
par de nouveaux parasites ou de nouveaux prédateurs. Autre effet
pervers, la fonte rapide des calottes polaires. Nous savons depuis 1960
environ que le réchauffement climatique a commencé à être perceptible
dès les années 1860. À l’époque, il n’y avait pas de développement
industriel de l’ampleur de celui qui fait aujourd’hui de la Terre une
boule puante qui circule, toujours sur le même cycle, dans l'espace. Il
n’y avait que l’Angleterre et la Belgique dont on pouvait dire qu’elles
fonctionnaient avec des dépenses élevées de charbons et de matériaux
fossiles. Le phénomène du réchauffement climatique est donc inscrit dans la chronologie
géologique. À cela, la chronologie historique s’est ajoutée au
changement naturel, et n’a cessé de l’accélérer depuis la substitution du
pétrole au charbon. À cela, il faut ajouter que les écologistes n’ont cessé d’étendre
le champ des émetteurs massifs de CO2, allant de la respiration humaine
des mégapoles comme Mexico ou Tokyo aux pets de vaches d’élevages.La fonte des calottes polaires entraîne de ces effets perturbateurs, tel que l’écoulement de l’eau douce des glaciers qui, plus froide, vient
se mêler aux eaux salées et chaudes des océans. Le grand conducteur marin qui
passe par le détroit du Labrador ne cesse de neutraliser le courant chaud du Gulf
Stream et, par le fait même, souffle l'air froid sur le continent européen.
Outre ce gaspillage insensé des eaux potables, il y a les émanations de
méthane entraînées par la fonte du pergélisol. Ce méthane s’accumule dans
l’atmosphère, augmentant les effets délétères de l’effet de serres. Le
dome qui s’établit ainsi sur l’hémisphère nord doit être analysé non pas
sous l’angle des transformations historiques, mais des changements de
l’écosystème planétaire. Pour Stéphane Harper, toutes ces critiques
intellectuelles relèvent d’un alarmisme qu’il associe au terrorisme.
Dans la lignée du groupe dit des «Lucides» qui gravitait voilà quelques
années autour de Lucien Bouchard, Stephen Harper refuse de se laisser
arrêter par qui que ce soit qui dresse des constats «négatifs» face aux
entreprises de développement économique. Cela vaut aussi bien pour les
inquiétudes manifestées par les Européens que pour les pétitionnaires
canadiens. En refusant de s’engager dans une véritable politique tenant
compte des menaces écosystémiques, la pensée prospectiviste du gouvernement conservateur du
Canada ne dépasse pas les limites de la chronologie historique.En fait, Stephen Harper fait une lecture «positive» des mêmes données et c’est par hypocrisie et duplicité, à l’image du Prince de Machiavel, qu'il nie les changements climatiques. Pour lui, ces
changements
n’apportent pas que des effets pervers, effets qui seront lents à
s’installer (pense-t-il) et qui permettront de renouveler les entreprises
capitalistes en créant de nouveaux besoins afin d’adapter les Canadiens à
leur nouvel environnement. Ce qu’il calcule, par contre, ce sont les
opportunités économiques que lui offriront ces changements climatiques.
Les économistes et les conseillers financiers du gouvernement
conservateur mesurent l’étendue des bénéfices par la quantité de
territoires aisément rentables qu’entraîneront ces changements. Avant
même le fameux Plan Nord de l’ex-Premier ministre du Québec Jean
Charest, il existait une politique d’expansionnisme, mieux,
d’impérialisme nordique du gouvernement Canadien.
4. L'impérialisme nordique
Cet impérialisme nordique se définit par deux orientations d’État.
D’abord étendre l’exploitation des richesses minières et pétrolifères
jusqu’au cercle polaire. De l’Alberta vers le Nord, il s’agira de
pénétrer dans les Territoires du Nord-Ouest où les nappes de pétrole se prolongent et promettent des quantités inespérées de
barils de pétrole. Alors qu'au cours des années
2000, l'échéance des nappes de pétroles se situait à 40 ans avant l’épuisement des réserves planétaires, ce
nouveau pactole pétrolier annonce que le Canada pourrait devenir, d'ici peu de temps, un
joueur majeur à la table des Nations productrices de Pétrole (O.P.E.P.) et jouer
sur le cours des prix.
Le second élément qui constitue l’objectif de l’impérialisme nordique est la fonte des glaces polaires et la libération de l’Océan Arctique au cours des prochaines décennies qui rendront possible un navigation à l’année longue. Ce faisant, le
trafic maritime européen vers
l’Asie sera détourné du canal de Panama pour passer directement de la
Mer du Nord au détroit du Labrador et de là, suivra point par point les
nouvelles cités que le gouvernement canadien parsèmera sur les côtes
océanes jusqu’en Alaska. De là, le trafic maritime européen, passant par
le détroit de Behring, arrivera à Vladivostok, à Tokyo et aux ports
chinois. Détournant le trafic du canal de Panama afin de diminuer sur
les coûts de transport entre le marché européen et le marché chinois,
nous percevons mieux les démarches parallèles du gouvernement Harper de
resserrer les liens avec Pékin tout en s’affairant à avaliser un traîté
de libre-échange avec la Communauté Économique Européenne.
Les Européens retiendront-ils alors le souvenir de la gifle de Kyoto? Devant une telle perspective, les groupes d’intérêts européens auront vite compris où ils pourront bénéficier des retombées des changements climatiques. Après tout, les affairistes européens, tout comme les affairistes canadiens, savent bien que la seule chronologie dont il faille tenir compte est la chronologie historique. De plus, l’Europe de l’Ouest, dont le pétrole vient des champs pétrolifères de Roumanie et des anciens territoires soviétiques de l’Azerbaïdjan, du Caucase, de l’Ukraine et de la Georgie, maintenant républiques autonomes, vont se trouver sur le chemin du retour à l’État russe.
Ici, j’ouvre une parenthèse pour les effets que pourrait avoir un raidissement de la politique russe dans la diplomatie internationale. Si le
président Obama peut se permettre à l’émission populaire américaine
animée par Jay Leno de déclarer que nous sommes sur le point d'entrer dans une nouvelle période de «guerre froide» avec la Russie, ce n’est pas seulement pour des vétilles
concernant la guerre civile de Syrie ou les mesures anti-gaies prises
par le gouvernement Poutine. Il est bien évident que Vladimir Poutine
n’entend pas se laisser dépasser par l’extrême-droite nationaliste et
qu’il veut reformer l’unité «nationale» russe. À ce titre, les jeux
olympiques de Sochi sont moins pour épater le monde occidental des prouesses russes qu’à des
fins de consommation interne. Il serait même profitable, pour le
gouvernement Poutine, que le boycott des jeux de Moscou de 1980 se
reproduit et d’ici février 2014, rien ne dit qu’il ne disposera pas ses
pions diplomatiques de façon à créer une accumulation de
frustrations
occidentales qui entraînera un tel boycott. Sochi, ville artificielle
née de la démagogie poutinienne, vise à redorer le blason de l’ancien
empire des tsars autocrates et du Soviet Suprême après vingt ans de
déboires anarchiques. Il est impensable que ces territoires qui ont
obtenu leur indépendance nationale aux lendemains de l’effondrement de
l’Union soviétique ne reviennent pas, un jour ou l’autre, à l’intérieur de
l’État universel russe. L’Ukraine est le cœur de la civilisation
chrétienne-orthodoxe dans sa version Russe. Kiev fut la première
capitale de l’État russe, coincé à l’époque entre la Horde d’or mongole
et la pénétration par le royaume Polono-Lithuanien. Que l’agenda soit ouvert
ou tenu caché, la politique de Moscou restera toujours la même depuis des siècles :
retrouver les territoires perdus au cours de la dernière décennie du XXe
siècle. Une telle entreprise, si elle venait tôt ou tard à se réaliser, risquerait de priver l’Europe
occidentale du pétrole d'Asie mineure ou à l’obtenir à des prix prohibitifs.
On comprend dès lors l’importance de l’impérialisme nordique canadien. D’une part, le libre-échange Europe de l’Ouest/Canada créera pour ce dernier un marché du pétrole où les acheteurs se soucieront peu s’il provient des sables bitumineux -
présentés récemment par un ministre
canadien comme étant un «pétrole écologique» [sic!] -, ce qui, je tiens à le rappeler, n’a
suscité aucune hilarité de la part des auditeurs européens, contrairement à l’effet
qu’une telle absurdité aurait déclenchée il y a de ça à peine deux ou
trois ans -, et un accès sur une période de temps réduite au vaste
marché extrême-oriental, par la voie océane Arctique. Comme un nouvel Alexandre le Grand, Stephen Harper arpente chaque année la bordure océane de l’Arctique pour voir le
résultat des changements climatiques et planifier la construction de
nouveaux ports maritimes ou la mise à jour de sites existant déjà. Il y
aura ainsi, comme les Alexandries de jadis, des Harperopolis, de Kuujjuaq
au Québec à la limite de la frontière du Yukon et de l’Alaska.
Cet impérialisme nordique se définit par deux orientations d’État.
D’abord étendre l’exploitation des richesses minières et pétrolifères
jusqu’au cercle polaire. De l’Alberta vers le Nord, il s’agira de
pénétrer dans les Territoires du Nord-Ouest où les nappes de pétrole se prolongent et promettent des quantités inespérées de
barils de pétrole. Alors qu'au cours des années
2000, l'échéance des nappes de pétroles se situait à 40 ans avant l’épuisement des réserves planétaires, ce
nouveau pactole pétrolier annonce que le Canada pourrait devenir, d'ici peu de temps, un
joueur majeur à la table des Nations productrices de Pétrole (O.P.E.P.) et jouer
sur le cours des prix.Le second élément qui constitue l’objectif de l’impérialisme nordique est la fonte des glaces polaires et la libération de l’Océan Arctique au cours des prochaines décennies qui rendront possible un navigation à l’année longue. Ce faisant, le
trafic maritime européen vers
l’Asie sera détourné du canal de Panama pour passer directement de la
Mer du Nord au détroit du Labrador et de là, suivra point par point les
nouvelles cités que le gouvernement canadien parsèmera sur les côtes
océanes jusqu’en Alaska. De là, le trafic maritime européen, passant par
le détroit de Behring, arrivera à Vladivostok, à Tokyo et aux ports
chinois. Détournant le trafic du canal de Panama afin de diminuer sur
les coûts de transport entre le marché européen et le marché chinois,
nous percevons mieux les démarches parallèles du gouvernement Harper de
resserrer les liens avec Pékin tout en s’affairant à avaliser un traîté
de libre-échange avec la Communauté Économique Européenne.Les Européens retiendront-ils alors le souvenir de la gifle de Kyoto? Devant une telle perspective, les groupes d’intérêts européens auront vite compris où ils pourront bénéficier des retombées des changements climatiques. Après tout, les affairistes européens, tout comme les affairistes canadiens, savent bien que la seule chronologie dont il faille tenir compte est la chronologie historique. De plus, l’Europe de l’Ouest, dont le pétrole vient des champs pétrolifères de Roumanie et des anciens territoires soviétiques de l’Azerbaïdjan, du Caucase, de l’Ukraine et de la Georgie, maintenant républiques autonomes, vont se trouver sur le chemin du retour à l’État russe.
Ici, j’ouvre une parenthèse pour les effets que pourrait avoir un raidissement de la politique russe dans la diplomatie internationale. Si le
président Obama peut se permettre à l’émission populaire américaine
animée par Jay Leno de déclarer que nous sommes sur le point d'entrer dans une nouvelle période de «guerre froide» avec la Russie, ce n’est pas seulement pour des vétilles
concernant la guerre civile de Syrie ou les mesures anti-gaies prises
par le gouvernement Poutine. Il est bien évident que Vladimir Poutine
n’entend pas se laisser dépasser par l’extrême-droite nationaliste et
qu’il veut reformer l’unité «nationale» russe. À ce titre, les jeux
olympiques de Sochi sont moins pour épater le monde occidental des prouesses russes qu’à des
fins de consommation interne. Il serait même profitable, pour le
gouvernement Poutine, que le boycott des jeux de Moscou de 1980 se
reproduit et d’ici février 2014, rien ne dit qu’il ne disposera pas ses
pions diplomatiques de façon à créer une accumulation de
frustrations
occidentales qui entraînera un tel boycott. Sochi, ville artificielle
née de la démagogie poutinienne, vise à redorer le blason de l’ancien
empire des tsars autocrates et du Soviet Suprême après vingt ans de
déboires anarchiques. Il est impensable que ces territoires qui ont
obtenu leur indépendance nationale aux lendemains de l’effondrement de
l’Union soviétique ne reviennent pas, un jour ou l’autre, à l’intérieur de
l’État universel russe. L’Ukraine est le cœur de la civilisation
chrétienne-orthodoxe dans sa version Russe. Kiev fut la première
capitale de l’État russe, coincé à l’époque entre la Horde d’or mongole
et la pénétration par le royaume Polono-Lithuanien. Que l’agenda soit ouvert
ou tenu caché, la politique de Moscou restera toujours la même depuis des siècles :
retrouver les territoires perdus au cours de la dernière décennie du XXe
siècle. Une telle entreprise, si elle venait tôt ou tard à se réaliser, risquerait de priver l’Europe
occidentale du pétrole d'Asie mineure ou à l’obtenir à des prix prohibitifs. On comprend dès lors l’importance de l’impérialisme nordique canadien. D’une part, le libre-échange Europe de l’Ouest/Canada créera pour ce dernier un marché du pétrole où les acheteurs se soucieront peu s’il provient des sables bitumineux -
présentés récemment par un ministre
canadien comme étant un «pétrole écologique» [sic!] -, ce qui, je tiens à le rappeler, n’a
suscité aucune hilarité de la part des auditeurs européens, contrairement à l’effet
qu’une telle absurdité aurait déclenchée il y a de ça à peine deux ou
trois ans -, et un accès sur une période de temps réduite au vaste
marché extrême-oriental, par la voie océane Arctique. Comme un nouvel Alexandre le Grand, Stephen Harper arpente chaque année la bordure océane de l’Arctique pour voir le
résultat des changements climatiques et planifier la construction de
nouveaux ports maritimes ou la mise à jour de sites existant déjà. Il y
aura ainsi, comme les Alexandries de jadis, des Harperopolis, de Kuujjuaq
au Québec à la limite de la frontière du Yukon et de l’Alaska.
5. Développement du militarisme
Voilà pourquoi l’impérialisme nordique suscite le développement d’un militarisme effréné des forces maritimes et aériennes du Canada. Stephen Harper sait qu’il y a deux puissances qui seront prêtes à lui disputer le contrôle de l’Arctique. La Russie et les États-Unis. Le seul prétendant sérieux sont les États-Unis. D’abord, à cause des milliards de dollars qu’ils perdront annuellement suite au
déplacement du trafic
maritime de Panama à l’Arctique. Ensuite, dans le but de maintenir la
défense du glacis nord-américain qui est l’une de leur hantise depuis
l’attaque de septembre 2001. Si pro-américain que soit le gouvernement
Harper, si pro-républicain soit-il également au niveau de la morale
sociale, le gouvernement de Stephen Harper doit d’abord privilégier les
intérêts financiers canadiens. Ceux de son Alberta natale comme de
l’ensemble de l’unité qui court désormais A mari usque ad mare usque ad
mare. Si Wilfrid Laurier s’est grossièrement trompé en qualifiant le XXe
siècle de siècle du Canada, Stephen Harper entend bien reprendre au
XXIe le rendez-vous manqué, et tout semble ici confirmer sa poétique
géographique et historique. C’est ainsi que nous pouvons comprendre les
efforts déployés en 2012-2013 pour fêter le bicentenaire de la guerre de 1812. Je ne reviendrai pas ici sur la question discutée ailleurs sur
les causes psychologiques de cette nécessité de célébrer une needless
war, mais le fait seulement de rappeler que les intérêts du Canada ne
sont pas toujours convergents avec ceux des États-Unis. Si les deux pays
collaborent étroitement sur de nombreux points, dont la défense du
glacis nord-américain où Ottawa est inféodé à Washington depuis la
Guerre Froide, l’exploitation du Grand Nord canadien va nécessiter des
modifications houleuses dans les relations entre les deux pays.À ce titre la présence militaire - la construction de nouveaux sous-marins et de nouveaux navires de guerre ainsi que l’équipement aéronautique - se trouve au cœur des dépenses gouvernementales. Si le reste de la population doit constamment vivre sous des compressions budgétaires, des diminutions de
services publiques, de déréglementations et de déresponsabilisation des ministères, la «défense» du Canada exige la
«modernisation» de ses équipements et surtout de sa technologie. C'est en ce sens qu'il faut situer le fameux débat sur les F-18 ou encore l'énorme financement du chantier naval Irving d'Halifax.
Personne ne se demande sincèrement «qui menace» le Canada? Avant même
que la question ne lui soit posée, Stephen Harper répond «le terrorisme»
qui, dans son imagination, va de Al-Qaïda à Greenpeace! Le moindre
esprit critique s’aperçoit très vite du manque de sérieux de ces
citrouilles d’Halloween. La vraie réponse est à anticiper en fonction de
l’impérialisme arctique, et rien d’autres. Un impérialisme que Stephen
Harper est prêt à soutenir même contre ses alliés américains.
D’où l’importance d’entretenir le nationalisme canadien et de renforcer
la fantasmatique des anciens liens avec l’Empire britannique. Aux
défaillances britanniques, le Canada se substitue comme l’héritier naturel de Londres. Son culte de la reine et des symboles
monarchiques vise à défaire les vieux complexes psychologiques canadiens
face
à l’arrogance américaine. Ce n’est pas par hasard que les
journalistes canadiens, tant anglophones que francophones, ont été
indignés par la façon dont le film Argo de Ben Affleck - qui met en
vedette le réalisateur même - présentait le rôle des Canadiens dans
l’évasion de six diplomates américains de l’ambassade à Téhéran en 1980.
Pour comprendre cette levée de bouclier, il faut avoir à l’esprit trois
points : 1º l’évasion des diplomates américains par l’ambassade
canadienne s’est déroulée à l’époque du gouvernement conservateur de Joe
Clark; 2º Argo s’est mérité l’Oscar du meilleur film de l’année 2013 et
l’Oscar du meilleur scénario; 3º la version cinématographique déforme
sciemment et cruellement la narration des faits historiques. Dans le film Argo, la
C.I.A. est présentée comme la maîtresse du jeu dans l’évasion des
diplomates d’Iran alors que l’ambassadeur canadien, Kenneth Taylor, est
présenté comme un mollusque. Dans les faits, il a dû protéger, confiné et caché
dans l’ambassade canadienne, les six diplomates pendant 79 jours tant la
C.I.A. ne parvenait pas à se décider à mener l’opération à termes. Bref, le film
de Ben Affleck est un insulte à la fierté canadienne d’avoir droit, pour une
fois, à la reconnaissance du peuple Américain dans une entreprise diplomatique délicate où les
Canadiens risquaient leur peau autant que les diplomates évadés.
à l’arrogance américaine. Ce n’est pas par hasard que les
journalistes canadiens, tant anglophones que francophones, ont été
indignés par la façon dont le film Argo de Ben Affleck - qui met en
vedette le réalisateur même - présentait le rôle des Canadiens dans
l’évasion de six diplomates américains de l’ambassade à Téhéran en 1980.
Pour comprendre cette levée de bouclier, il faut avoir à l’esprit trois
points : 1º l’évasion des diplomates américains par l’ambassade
canadienne s’est déroulée à l’époque du gouvernement conservateur de Joe
Clark; 2º Argo s’est mérité l’Oscar du meilleur film de l’année 2013 et
l’Oscar du meilleur scénario; 3º la version cinématographique déforme
sciemment et cruellement la narration des faits historiques. Dans le film Argo, la
C.I.A. est présentée comme la maîtresse du jeu dans l’évasion des
diplomates d’Iran alors que l’ambassadeur canadien, Kenneth Taylor, est
présenté comme un mollusque. Dans les faits, il a dû protéger, confiné et caché
dans l’ambassade canadienne, les six diplomates pendant 79 jours tant la
C.I.A. ne parvenait pas à se décider à mener l’opération à termes. Bref, le film
de Ben Affleck est un insulte à la fierté canadienne d’avoir droit, pour une
fois, à la reconnaissance du peuple Américain dans une entreprise diplomatique délicate où les
Canadiens risquaient leur peau autant que les diplomates évadés.
Il est indéniable que Ben Affleck est un «crosseur», et pour ceux qui
n’en seraient pas convaincus, ils n’ont qu’à regarder jusqu’au bout ce
court extrait d’une entrevue qu’il accordait à Dick. Il est
indispensable de bien suivre le débit de l’entrevue, car la parole de M.
Affleck dépasse son imagination. Mais, si nous revenons au nationalisme
canadien, il est important de conserver à l’esprit que l’entreprise de l'impérialisme
arctique nécessite derrière elle une population fière, virile, militarisée et se
tenant au service de son gouvernement. Il y aura trop d’argent en jeu pour se
laisser dépouiller même si, présentement, il s’agit de jouer le jeu du
colonisé. Il faut, pour les projets d'avenir, préparer la population canadienne face aux Américains
et face aux Européens. L’opération 1812 visait à rappeler que non
seulement les Canadiens ont déjà résisté aux incursions de leurs voisins
du Sud, aguichés par les richesses canadiennes, mais qu’ils ont gagné cette
guerre de 1812 - qui, dans les faits, s’est soldée par un
match nul.
Ensuite, face aux Européens, les célébrations du centenaire de la Grande
Guerre, qui commenceront en 2014, seront là pour leur rappeler que durant les deux guerres mondiales du XXe
siècle, les Canadiens se sont volontairement engagés dans la guerre aux
côtés des alliés, et ce bien des années avant les Américains. Qu’ils ont lutté
avec les autres coloniaux britanniques sur les champs de bataille de
France et de Belgique : Aux batailles d'Ypres, à la crête de Vimy, les batailles de
Courcelette et de Passchendaele où sont tombés tant de soldats canadiens,
doivent être remémorées dans l’esprit des
Européens aussi bien que des Canadiens avec lesquels les privilèges du libre-marché devraient être
reconnus. La portée idéologique du nationalisme, d’un côté ou de l’autre, intérieur comme
extérieur, n’est jamais gratuit ou innocent.7. L'anti-intellectualisme primaire
L’anti-intellectualisme primaire avec lequel le gouvernement Harper traite des questions politiques et sociales est le complément d’une recherche de la passivité populaire et citoyenne. Cultiver la
paranoïa du terrorisme
écologique, diminuer les subventions d’aide à la culture, engager la
virilité canadienne dans le militarisme et «l’agressivité défensive», surveiller les
mœurs et les réseaux sociaux afin qu’il n’y ait ni écarts de conduite
privée ni propagandes «anti-canadiennes», ramènent aux politiques
démagogiques dont nous parlions en début d’article. Le culte du souvenir
d’une histoire du Canada chargée de victoires militaires et
d’engagements pour les valeurs de liberté et de démocratie sont là pour
nourrir la fantasmatique et non la progressive application de ces valeurs. Comme la
République n’avait pas besoin de savants, l’Empire de la nordicité
canadienne n’a pas besoin de critiques, de philosophes et d’historiens.
Il faut laisser Stephen Harper suivre son cours.En conclusion, il faut donc reconnaître que Stephen Harper est, de tous les hommes politiques canadiens actuels, le seul à avoir un programme économique, politique, diplomatique et social. C’est un programme démagogique, insolent au niveau international, méprisant au niveau citoyen, impérialiste et militariste, nationaliste et anti-intellectuel. C’est une politique des Contre-Lumières mise au service de groupes d’intérêts particuliers et non de la population canadienne. C’est une poétique de l’espace et du temps centrée autour d’une intrigue projetée dans l’avenir selon les conditions de transformations écosystémiques et économiques. Pour cette raison, cela fait du gouvernement Harper un gouvernement cohérent, machiavélique, suffisant et dangereux⌛
Montréal
22 août 2013
22 août 2013


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