LINE LA PAS FINE N’A JAMAIS LU DAVID THOREAU…
Line la Pas Fine n’a jamais lu David Thoreau, Sur la désobéissance civile. C’est à se demander ce qu’elle faisait lorsqu’elle était aux études? Sa formation est en psychologie et, aujourd'hui, elle n’est même capable de distinguer l’esprit de vengeance qui la ronge de l’intérêt public qui est la priorité de tout gouvernement. Grenouille de milieux d’affaires, sa formation en science politique est nulle, d’où cette ignorance de la notion de désobéissance civile. Il serait grandement temps d’arrêter de voter et d’élire n’importe quel troufion seulement parce que la démocratie est un principe qui ouvre l’accès au processus électoral à l’ensemble de la population. La chose publique demande des connaissances spécifiques qui ne s’improvisent pas. C'est la raison pour laquelle la

Pourtant, cette femme médiocre va gagner sur le mouvement populaire. Non seulement le mouvement étudiant, mais aussi sur tous les citoyens qui ont appuyé la cause étudiante. Pourquoi? Parce que le savoir n’a rien à voir dans l’enjeu sur lequel sont construits les argumentaires des deux parties. Tout le monde court après la cagnotte. Le gouvernement veut toujours plus d’argent de la poche des étudiants et les étudiants veulent lui en donner toujours moins; c’est la loi en régime

Or, tout cela est profondément ignoble. Ignoble de la part de la ministre de tenir à la dénonciation de la violence quand c’est l’État le premier qui en a usé. Marx distinguait entre la contrainte économique et la contrainte extra-économique.. Avant que la police commence à «varger dans le tas», en bon québécois, il y avait déjà la contrainte de l’État, c’est-à-dire la

Cette face boursouflée de la ministre est pleine de ressentiments depuis que Gabriel Nadeau-Dubois et des membres de son équipe sont entrés en force dans son bureau de comté, ont bousculé son

Car David Thoreau (1817-1862) était un libéral et un démocrate plus profondément et plus consciemment libéral et démocrate que n'importe quel membre du Parti Libéral du Québec. Arrêté pour ne pas avoir payé ses impôts et détenus en prison, il rédigea ce petit opuscule : De la désobéissance civile (1849), et ce qu’il y écrit est fascinant, encore aujourd’hui. Il dépasse la simple logique de ce qui fait la démocratie telle que nous la concevons:
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Daumier. La Loi |
«Après tout, écrit-il, si, une fois que le pouvoir est entre les mains du peuple, on permet à une majorité de gouverner, et cela pendant longtemps, ce n’est pas parce qu’elle est la plus susceptible de bien agir, ni parce ce que la minorité considère cette solution comme la plus juste. C’est parce que la majorité a la force physique pour elle. Le gouvernement qui confie toutes les décisions à la majorité ne peut pas être fondé sur la justice, même dans la mesure où les hommes comprennent en quoi consiste cette notion. Ne peut-il exister de gouvernement dans lequel, en fait, ce n’est pas la majorité qui détermine le bien et le mal, mais la conscience? […] Le citoyen doit-il jamais, pendant un instant, abandonner la plus infime parcelle de sa conscience au législateur? Pourquoi des consciences individuelles d’abord, des sujets ensuite. Il faut servir l’équité avant la loi. Ma seule obligation consiste à toujours faire ce qui me paraît juste. On dit avec raison qu’un groupe n’a pas de conscience, mais un groupe d’hommes consciencieux est un groupe doté d’une conscience. Jamais la loi n’a ajouté à l’esprit des hommes le moindre brin de justice. Au contraire, le respect qu’ils lui portent transforme chaque jour les personnes bien intentionnées en des agents de l’injustice» (David Thoreau. La désobéissance civile, Montréal, L’Hexagone, col. Balises # 2, 1982, pp. 29-30). C’est-à-dire : 1º le gouvernement élu démocratiquement n’a que le nombre qui le justifie en lui délégant le pouvoir de faire des lois et d’user de la violence sur tous les «sujets». 2º par le fait même, il défend des intérêts particuliers au détriment même de la notion de justice. 3º la loi n’est pas la justice. La thèse de Thoreau, qui passe pour anarchiste, part pourtant de ce constat qu'il est inscrit, dans la tradition comme dans la Déclaration d’Indépendance, que dès qu'un gouvernement devient despotique, il est du droit des membres de la cité de se révolter contre lui et de le remplacer. Et Jefferson, qui fut le démocrate parmi les démocrates, disait qu’il était nécessaire, parfois, d’arroser de sang l’arbre de la liberté. À condition, bien entendu, qu'il ne s'agisse pas du sang de Mme Beauchamp, auquel cas l’arbre mourrait.
Aussi, notre désobéissant Thoreau se pose-t-il la question : «Il existe des lois injustes [ce qui veut dire que toutes les lois ne sont pas nécessairement injustes, j.p.c.]. Nous bornerons-nous à les respecter? Continuerons-nous d’y obéir tout en essayant de les amender? Ou les transgresserons-nous tout de suite? D’ordinaire, sous un gouvernement comme le nôtre, on estime qu’il faut attendre d’avoir
persuadé la majorité de modifier les lois. La résistance est considérée comme un remède pire que le mal. Mais si le remède est plus néfaste, c’est la faute du gouvernement : c’est lui qui le rend pire. Pourquoi ne parvient-il pas davantage à projeter et à organiser des réformes? Pourquoi ne chérit-il pas sa minorité de sages? Pourquoi crie-t-il et se débat-il avant d’être frappé? Pourquoi n’encourage-t-il pas les citoyens à se tenir sur le qui-vive pour déceler ses propres erreurs? Pourquoi ne les pousse-t-il pas à faire mieux que ce qu’il leur demande? Pourquoi, toujours, crucifie-t-il Jésus, ex-communie-t-il Copernic et Luther, déclare-t-il Washington et Franklin rebelles?» (D. Thoreau. ibid. pp. 41-42). Même si le texte de Thoreau s’arrêterait là, nous aurions déjà la légitimité qui impose la désobéissance civile devant un gouvernement qui gère mal les taxes et les impôts qu’il prélève sur ses citoyens par contrainte. Cette demande est venue tardivement dans le conflit qui oppose les étudiants au gouvernement, et il est loisible de penser qu’il ne s’agit-là, pour eux, qu’un autre enjolivement chargé de cacher la saleté du conflit d’argent qui est au cœur de l’affrontement.
Mais Thoreau est un homme intelligent qui ne s’en laisse pas passer. Si l’injustice parvient à triompher à travers la démocratie, protégée par la Constitution et les rouleaux de parchemins légaux et ignore les sages qui sont laissés à l’exclusion,
c’est précisément parce que l’État a une certaine conception du citoyen qui l’autorise à se comporter avec toute la morgue, le mépris et la corruption possibles. «Je n’ai pas payé la capitation depuis six ans, ce qui m’a valu une nuit de détention. Tandis que j’étais là, à observer les murs de grosses pierres épais de deux ou trois pieds, la porte de bois et de fer épaisse d’un pied, et la grille de fer qui filtrait la lumière, je ne pus m’empêcher d’être frappé par la sottise de cette institution. Voilà qu’elle me traitait comme un simple amas de chair, de sang et d’os qu’il fallait enfermer. Sans doute avait-elle conclu à la longue que je n’était bon qu’à cela et n’avait-elle jamais songé à se prévaloir autrement de mes services. En fait, un mur de pierres me séparait bien de mes concitoyens, mais un autre mur plus difficile encore à escalader ou à percer les séparait, eux, d’une liberté aussi grande que la mienne. Pas un seul instant, je ne me sentis enfermé, et les murs me parurent un énorme gaspillage de pierres et de mortier. Il me semblait être le seul citoyen de la ville à avoir payé
ses impôts» (D. Thoreau. ibid. p. 50). Bien sûr, Thoreau ici ironise sur son cas en dénonçant la bêtise avec laquelle sont gérée les impôts des citoyens. Tant pis pour eux, à quoi bon gueuler lorsqu'on se refuse à ouvrir le regard? «En me menaçant comme en me complimentant, ils commettaient un impair, car ils croyaient que mon désir le plus chair était de me trouver de l’autre côté du mur. C’est pourquoi je souris en voyant avec quelle attention ils refermèrent la porte sur mes méditations : elles seules, vraiment, étaient dangereuses, et pourtant elles sortirent tout à fait librement à leur suite. Faute de pouvoir m’atteindre, ils avaient résolu de punir mon corps. On aurait dit des petits garçons qui, incapables de mettre la main sur la personne à qui ils en veulent, maltraitent son chien. L’État m’apparut comme un imbécile, aussi peureux qu’une femme seule avec son argenterie. Il ne savait pas distinguer ses amis de ses ennemis. Ce qui me restait de respect pour lui disparut, et je le pris en pitié» (D. Thoreau. ibid. pp. 50-51). Décidément, il avait du nez ce Thoreau. À plus d’un siècle de distance, il pouvait déjà renifler le parfum cheap de Line la Pas Fine, terrorisée, serrant contre elle son «argenterie»…
Aussi, notre désobéissant Thoreau se pose-t-il la question : «Il existe des lois injustes [ce qui veut dire que toutes les lois ne sont pas nécessairement injustes, j.p.c.]. Nous bornerons-nous à les respecter? Continuerons-nous d’y obéir tout en essayant de les amender? Ou les transgresserons-nous tout de suite? D’ordinaire, sous un gouvernement comme le nôtre, on estime qu’il faut attendre d’avoir

Mais Thoreau est un homme intelligent qui ne s’en laisse pas passer. Si l’injustice parvient à triompher à travers la démocratie, protégée par la Constitution et les rouleaux de parchemins légaux et ignore les sages qui sont laissés à l’exclusion,


Il va sans dire que, dans le contexte actuel, Thoreau nous en donne plus que pour notre argent! «Ainsi l’État n’affronte-t-il jamais intentionnellement l’esprit ni le sens moral d’un homme, mais seulement son corps, ses sens. Sa supériorité réside non pas dans son intelligence ou dans son honnêteté, mais dans sa force physique. Or je ne suis pas né pour la contrainte; je respirerai à ma guise. Mais qui donc est le plus fort? Quelle force possède une multitude? Seuls

Enfin, Thoreau posait la question qu’on ne cesse de se poser depuis: «La démocratie telle que nous la connaissons est-elle pour autant la forme la plus achevée de gouvernement? N’est-il pas possible d’avancer encore dans la reconnaissance et l’organisation des droits de l’homme? Pour être vraiment libre et éclairé, l’État doit reconnaître que l’individu possède un pouvoir supérieur et indépendant dont lui-même tire toute son autorité et tout son pouvoir propres, et il doit traiter l’individu en conséquence. Je me plais à imaginer un État qui pourrait enfin se permettre d’être juste envers tous et traiterait l’individu avec autant d’égards qu’un voisin; un État qui ne jugerait pas contraire à sa tranquillité que quelques-uns vivent à l’écart, sans se mêler à lui et sans qu’il les embrasse, tout en se comportant bien avec leurs voisins et leurs semblables. L’État qui me porterait un tel fruit et accepterait de le voir tomber dès sa maturité ouvrirait la voie à cet État encore plus parfait et glorieux que j’ai aussi imaginé, mais que je n’ai encore jamais vu nulle part» (D. Thoreau. ibid. p. 64). Cet État, nous l’attendons toujours.
Rien, dans les rapports entre gouvernés et gouvernants n’a vraiment changé depuis ce temps. Les

Cette leçon de haute démocratie, de l’inaliénabilité des droits de l’homme et du respect de la conscience individuelle, c’est avec ignominie que, pour faire dérider ses hommes d’affaires, requins de la finance, dont il caresse les museaux pour financer son plan Nord, le premier ministre Charest s’est permis une farce de mauvais goût à quelques jours où son modèle, Sarkozy, mordrait la poussière au premier tour de scrutin des présidentielles de France. Line avait réussi, elle, à débaucher les étudiants de la FECQ tandis que la Classe, dénonçait, du bout des lèvres, l’usage de la violence. L’important, pour le ministère mais non pour les étudiants, maintenant, c'est une rencontre au sommet. Cette rencontre qui ne donnera rien puisque les étudiants et la ministre ne peuvent décider seuls des réaménagements de la gestion des universités (sans les recteurs? sans les professeurs? sans les chargés de cours?), n’est que de la poudre aux yeux pour satisfaire à une population qui en a assez de payer l’impotence de ce gouvernement qui ne sait pas où il s’en va et qui ne s’en préoccupe pas, pourvu qu’il sache dans quelles poches l’argent de l’État doit s’écouler.
Lorsque le gouverneur Vaudreuil-Cavaignal dut décider de

Montréal
23 avril 2012
23 avril 2012
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