samedi 7 janvier 2012

AVIS : La chasse à l'itinérant est ouverte

Itinérant abattu à la station de métro Bonaventure, 6 janvier 2012
AVIS : LA CHASSE À L’ITINÉRANT EST OUVERTE


Avis. Ce texte est une parodie de justice Tout personnage ou événement qui évoquerait un événement semblable ne serait que pure coïncidence. Inutile donc de crier au «salissage» des réputations ou au «charriage» des interprétations.

Le jour de la fête des Rois, un itinérant s’est sans doute pris pour un monarque lorsqu’il a osé affronter les «forces constabulaires» du Service de Police de Montréal. L’an dernier, il a fallu attendre la mi-été pour avoir la première paire de bas troués, trophée de chasse, panache ébréché, signe que l’animal avait bien été abattu …entre l’UQAM et le CHUM (Saint-Luc). Aujourd’hui, fini le niaisage! Six jours après sa sortie des Old Brewery, Maison du Père ou Accueil Bonneau, Bang! La bête, qui se faisait dire (station) Bonaventure, menaçait. Les policiers qui, - comme on l’a vu dans la série 19-2 -, sont des êtres tourmentés mais sympathiques dans le fond, n’ont pas voulu prendre de chance dans un endroit public. De toutes façons, leurs collègues de la Sûreté du Québec, tout aussi surmenés depuis qu’ils ont appris qu’ils allaient avoir plus de terrains municipaux à patrouiller au Québec, vont enquêter avec toute la rigueur voulue exigée par le principe d’ascenseur tacitement convenu. La Cour suivra les recommandations, le Psy-squad prendra les malheureux policiers en traitements pour choc nerveux, et tout finira comme dans le cas de Rock Forest, (1983) où, après un braquage, un poseur de tapis avait été tué au Motel Le Chatillon lorsque la police le fusilla à travers une porte, pensant y atteindre le méchant cavaleur. C’était une bavure, comme tant et tant d’autres qu’on ne les compte plus. Imaginez, ce n’était même pas un itinérant! Heureusement, aujourd’hui, nous avons appris que les choses pouvaient se faire plus sérieusement.

La bête - l’itinérant - a profité du mois de décembre pour se remplir la panse. Après avoir vu «boosté» son estime de soi en lui faisant croire que tout nu il était aussi beau que Jean-Nicolas Verreault; après l’avoir gavé de vieilles dindes ramassées dans les stock rooms des grandes chaînes d’épicerie; après lui avoir donné des cadeaux fort utiles comme des grosses mitaines dépareillées de la même main; après l’avoir rempli de Pepsi à p’tites bulles frétillantes; après avoir fait la chorale pour le Minuit Chrétien; après lui avoir donné des cartes de Noël dessinées par des enfants; enfin l’avoir logé la nuit pour éviter les froids polaires, comme toutes bonnes choses à une fin, on l'a renvoyé dans la nature le plus vite possible. Fini le bon vieux temps où les «institutionnalisés» bénéficiaient du refuge que représentaient l’institution asilaire et les groupes subventionnés d’entraide. Les enveloppes brunes siphonnent tellement d’argent à Québec qu’il n'en reste plus pour le gouvernement afin de répondre à sa vantardise pantouflarde de «solidarité» sociale.

Aussi, policiers et gardiens de sécurité - dont un certain nombre semblent recrutés directement dans les gangs de rues afin de mettre leur violence gratuite au service des commerçants et des entrepreneurs honnêtes plutôt qu’à les laisser s’entretuer, ce qui amènerait l'extinction d’une couleur locale maintenant inscrite dans nos traditions entre la bûche de Noël et les œufs de Pâques -, ont-ils suivi le nouveau cours de P.C.I-101 (Protection Contre les Itinérants), en accéléré, en s'inspirant d'un vieux disque remastorisé des Cyniques.

Leçon 1 : Ce que tout policier doté de jugeotte doit faire lorsqu’il repère un itinérant.

a)  savoir de quel sexe il est muni.
b)  savoir depuis quand il a mangé la dernière fois.
c)  s’il a encore toutes ses dents.
d)  si ses ongles sont longs et crasseux.
e)  s’il «dégage» une odeur forte et à quelle distance il tire ses bombes puantes.
f)  s’il a des poux, pucerons ou autres vermines.
g)  combien d’épaisseurs de vêtements il a.
h)  s’il délire et enregistrer tout ce qu’il émet comme son (afin de servir en Cour et aux enquêteurs).
i)  s’il peut courir et à quelle distance à l’heure.
j)  s’il est connu des forces constabulaires.
k) s’il agite les bras.
l)  s’il agite les jambes.
m)  s’il agite la tête.
n)  à quelle profondeur de la poubelle il a le haut du corps entré.
o)  s’il peut entendre vous approcher.
p)  s’il a l’odorat assez fin pour sentir le cuir de vos bottes.
q)  s’il a fait dans ses culottes.
r)  s’il n’est pas parent avec la famille Péladeau.
s)  s’il n’est pas un membre de la famille d’un confrère ou d’une consœur.
t)  s’il est vraiment tout seul.
u)  si vous êtes vraiment plusieurs.
v)  s’il est armé.
w)  …d’une arme blanche (couteau, poignard, fourchette, hallebarde).
x)  …d’une arme à feu (revolver, pistolet, briquet, A-K 47).
y)  s’il est suicidaire.
z)  etc. etc.

Une fois ces premiers constats bien mémorisés. Dégainez.

Ne l’approchez qu’avec prudence. Pensez à ce que diraient de vous femmes et enfants sachant que vous avez été blessé ou tué par un itinérant muni d'un tesson de bouteilles.

Parlez lui dans sa langue, c'est-à-dire en émettant des onomatopées.

Essayez de l’attirer avec une bouteille pleine de Vodka, un joint ou une seringue. Dès qu’il approche, pas d’hésitations. Tirez. C’est un dangereux criminel.

En cas de doute, pas de chance à prendre. Vos vies valent au moins autant que la sienne.

Leçon 2: Quand faut-il tirer?

a)  S’il vous salut d’un air benèt. Tirez.
b)  S’il hoche la tête pour vous inviter au festin de poubelles. Tirez. (plan prévu à la lutte contre la corruption des forces policières.)
c)  S’il tient un exemplaire de Surveiller et punir de Michel Foucault, c’est qu’il connaît déjà vos stratégies d’approche. Tirez.
d)  S’il mouille ses lèvres avec sa langue, c’est un cannibale. Tirez.
e)  S’il fait du mumbling, c’est qu’il appelle ses congénères. Tirez.
f)  S’il donne l’impression d’aller vers une université. Tirez (Il faut éviter tout Virginia Tech.)
g)  S’il se dirige vers un hôpital. Tirez (Il faut éviter qu’il se cache à la morgue ou dans une salle d’attentes avec un numéro.)
h)  S’il fait un pas dans votre direction. Tirez.
i)  S’il fait un autre pas dans votre direction. Tirez deux coups. C’est que vous l’aurez manqué la première fois.
j)  S’il fait un troisième pas en votre direction. Fuyez, c’est un zombie.
k)  S’il fait mine de vous ignorer. Appelez votre mère ou votre épouse avec votre cellulaire pour leur dire que vous rentrerez plus tard à la maison. …et tirez.
l)  S’il se met à quatre pattes par terre et se met à vomir. Tirez. Il macule le mobilier urbain.
m)  S’il agite les bras. Tirez.
n)  S’il agite les jambes. Tirez.
o)  S’il se branle avec son zizi. Tirez deux coups.
p)  S’il vous crie des obscénités. Enregistrez-les, ils seront utilisées comme menaces par la Couronne. Puis tirez.
q)  S’il essaie de courir. Tirez. Il ne faut pas qu’il aille se cacher dans un parc municipal.
r)  S’il tombe sur le dos. Tirez une deuxième fois. C’est peut-être une feinte.
s)  Si vous voyez sortir du sang, ce sont peut-être des petites enveloppes de ketchup piquées au McDo qui ont été percées. Ne prenez pas de chance et tirez à bout portant.
t)  Lorsque vous lui criez Don’t move, et qu’il ne s’immobilise pas. Tirez.
u)  Si vous lui criez Bouges pas et qu’il s’immobilise. Tirez, il n’est pas bilingue.
v)  S’il râle en attendant l’ambulance, prenez ses dépositions en notes et lisez lui ses droits…
w)  S’il ne râle pas en attendant l’ambulance, c’est qu’il a de fortes chances qu’il soit déjà mort.
x)  S’il est accompagné d’un toutou a) …en vie. Envoyez-le au Berger Blanc. b) …en peluches. Tirez.
y)  Si son agonie dure trop longtemps. Tirez. (Ça s’appelle la mort par compassion, et le jury en sera suffisamment ému pour considérer cet acte comme un geste de clémence.)
z)  Pour toute autre situation non enregistrées ici. Tirez. Tirez mais tirez donc. Ne prenez aucune chance.

Quoi que vous fassiez, sachez qu’il y aura toujours une équipe de Psy Squad pour vous réconforter et vous accompagner afin de surmonter la peur que vous avez ressentie en voyant un itinérant fouiller dans une poubelle ou délirer dans une station de métro. Vous vous encouragerez vous-mêmes en sachant le nombre de vie que vous venez de sauver par la rapidité de votre intervention.

La Cour se montrera empressée de retenir le voie de fait commis à votre égard, qui justifiera ainsi la seule solution que la loi vous autorisait. L'usage du teaser peut être mortel et puis se dégage de l'itinérant une odeur de chair brûlée. Ça pue le diable! Les flèches anesthésiques coûtent trop chers. De plus, ce ne sont pas des animaux que vous chassez…

Lors de l’enquête menée par vos confrères de la S.Q.. Répondez de manière confuse et trouée de «blancs». Le psychiatre de la police expliquera alors qu’il s’agit du choc post-traumatique. La Couronne comprendra les circonstances.

Si vous vous accusez vous-mêmes, par remords de conscience. Vous risquez alors d’être mis en institution. Soigné. Drogué. Guéri. Renvoyez dans la société au risque d’être devenu, à votre tour, un itinérant. Auquel cas:

Leçon 3: Comment se cacher de la police lorsqu'on est itinérant afin de ne pas se faire trouer la peau.

a)  Essayez de porter chemises blanches et cravates et tenez-vous chez Paré. On ne tire pas sur les délinquants financiers.
b)  Cachez-vous à l’église.
c)  Cachez-vous dans un sous-sol d’église (de préférence à l'heure du Bingo).
d)  Portez des soupes et des sandwiches aux policiers de votre poste de quartier pour qu’ils vous reconnaissent s’ils vous croisent sur le trottoir.
e)  Brossez-vous les dents et ayez l’air impassible afin de ne pas attirer l’attention des policiers.
f)  Éloignez-vous des commerces. Vous ne serez pas ainsi surveillé par les caméras comme un type douteux.
g)  Inscrivez-vous sur une liste de changement de sexe. Les frais seront payés par l’État.
h)  Essayez de vous faire engager par Radio-Canada pour être figurant dans 19-2, vous pourriez devenir un ami de Réal Bossé ou de Claude Legault.
i)  Passez à Tout le monde en parle et faites pleurer l’assistance avec votre histoire tragique.
j)  Ne pas vous approcher des enfants.
k)  Ne pas vous approcher des femmes, enceintes ou non.
l)  Ne pas vous approcher des policiers avec un beigne fourré aux framboises et un café Tim.
m)  Ne pas parler tout seul lorsque vous êtes tout seul.
n)  Ne pas marcher tout seul quand vous êtes sur le trottoir, autant que possible tenez-vous à côté d'une autre personne, même si vous ne la connaissez pas: elle pourrait vous servir d'écran pare-balles.
o)  Ne pas fouiller dans une poubelle publique.
p)  Portez des verres fumées griffées si vous allez à la Old Brewery, à la Maison du Père ou à l’Accueil Bonneau.
q)  Si vous avez une famille, suppliez-là de vous garder claustré à la maison.
r)  Émigrez en Floride.
s)  Engagez-vous pour le Plan Nord.
t)  Enrobez-vous dans un drapeau mohawk.
u)  Vous avez déjà pensé au suicide?
v)  Vous avez déjà pensé vous marier et avoir des enfants?
w) Trouvez-vous un emploi dans la construction, vous serez alors protégé.
x)  Trouvez-vous un emploi où vous serez appelé à porter un uniforme.
y)  Trouvez-vous un emploi comme agent de sécurité, surtout si votre nom est celui d'un prophète biblique doublé du surnom de Louis XV. Votre passé sera garant de vos services et à votre expérience en matière de maîtrise d’un suspect.
z)  À l’avenir, nous espérons, que vous y penserez deux fois avant de dire la vérité en Cour de justice.

Toutes ces règles sont serviables pour la chasse à l’itinérant. Cet animal dégradé, chassé par le gouvernement de ses institutions asilaires afin de l'intégrer dans la société et faire porter le fardeau de son entretien aux petits-bourgeois grippe-sous. Jean Drapeau l'avait séquestré une première fois avant les Jeux Olympiques de 1976. Londres et Rio de Janeiro font de même présentement en prévention des Jeux Olympiques de 2012 et 2016.

La prolifération de cette espèce, qui tend à rajeunir d’année en année, montre qu’elle est une population devenue incontrôlable. Dans une ville où il y a plus de pauvres que d’officiers de police et d’agents de sécurité réunis, la ville peut officialiser le débordement des forces de l’ordre par une espèce dangereuse et nuisible à la santé sociale de ses membres. Le permis de chasse n’est toutefois autorisé qu’avec un diplôme de police ou une badge Cracker Jack portée par les agents de sécurité.

Si de bons civils sont frappés par une balle perdue, les forces policières de la ville de Montréal déclineront toutes responsabilités. Ce ne sera là qu’un dommage collatéral relevant soit d’un Act of God, soit d’une simple malchance.

Enfin, comme il semble être permis à n’importe quel citoyen de procéder à une arrestation s’il est témoin d’un délit, il peut, s’il se sent menacé, étrangler un individu de cette espèce malfaisante n’importe quand. La présomption de légitime défense n’a pas été inventée pour les chiens.

Sur ce: Bonne saison de chasse à tous nos troupiers.

De la part du chef de Police de la ville de Montréal en association avec le Président de la Fraternité des Policiers et
policières de Montréal⌛
Montréal
7 janvier 2012.

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