Alain Soral |
ENTRE BAINVILLE ET THOREAU, ALAIN SORAL ET LE JELL-O CULTUREL
Ah là là! Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour satisfaire son lectorat! On me demande qu’est-ce que je pense d’Alain Soral. Pour dire simplement les choses. Rien. Les télévisions francophones sont remplies de commentateurs, d’animateurs, de spécialistes de toutes sortes de choses, de porteurs d’opinions, tantôt de droite, tantôt de gauche. Et, dans l'ensemble, ils n’apportent rien que je ne sâches déjà. On parle beaucoup dans le vide alors qu’on devrait parler du vide, et ça, c’est une autre histoire. Mais lorsqu’on m’a dit qu’il avait un commentaire de Soral sur Jacques Bainville et son Histoire de France, je m’y suis dit : allons-y voir (http://www.egaliteetreconciliation.fr/La-video-de-vacances-d-Alain-Soral-13141.html).
Soral est incontestablement un grand communicateur. Il a compris ce que voulait dire Marilyn Monroe lorsqu’elle disait qu’il fallait être devant la caméra comme si on lui faisait l’amour. Aussi, Soral est-il un grand baiseur médiatique. Ce communicateur, malgré sa dénonciation des grands réseaux voués aux socialistes et à l’Empire américain, reprend entièrement la recette qu'il dénonce à son compte. Durant toute son entrevue, il ne fait que nous vendre les produits Soral, sans doute comme Mme Bettencourt et Sarkozy auraient vendu ensemble des produits L’Oréal dans une pub télé.
Les produits Soral commencent par lui-même. Dans une «vidéo de vacances», il commence par nous embêter avec ses démêlés judiciaires, assénant insultes et mépris à ceux qui lui font noise. Cela ne me dérange pas tant qu’il y a une touche humoristique, mais M. Soral dramatise tellement les poursuites qu’il en vient presque à nous quêter notre sympathie. Élargissant son univers, il nous parle de «Vérité et réconciliation» qu’il rattachera bientôt au Cercle Proudhon. Le Cercle Proudhon était une invention des monarchistes de l’Action Française dans une volonté de rencontrer - et de puiser dans - la classe ouvrière au moment où elle était en conflit avec la République. De 1911 à 1914, avec la publication des Cahiers du Cercle Proudhon, les monarchistes tentèrent de créer une jonction avec les syndicalistes révolutionnaires. Ceux qui étaient sortis de l’activité coopérative d’un Fernand Pelloutier, qui méditaient les écrits de Georges Sorel et qui se sentaient frustrés par la CGT liée au socialisme de Jean Jaurès, apportaient leur goût de la violence sociale et politique à l’Action Française, journal et regroupement qui faisaient de la monarchie la solution à la dérive républicaine noyée depuis son apparition en 1870 par les scandales, les actions terroristes et les pamphlets haineux. La guerre et la crise qui suivit durant «les années folles» firent jaillir de cette rencontre le protofascisme français dont les discours idéologiques allaient se diffuser en Italie, en Allemagne et à peu près dans toutes les nationalités européennes qui venaient d’hériter d’un État par la bonne volonté inconsciente du Président Wilson.
Une fois que Soral nous a vendu son groupe de «Vérité et réconciliation» comme un moyen de sortir de la crise de la pensée unique où se fondent la droite et la gauche dans un marais plutôt sirupeux, il nous présente son idéologie du «trans-courants», c’est-à-dire une «culture» qui traverserait l’ensemble des courants idéologiques afin d'en dégager - d'en libérer en fait - une «France» ressourcée, reconquise de son esprit national. Les pointes antisémites fusent ici et là. Une jambette en passant au Grand Orient (la Franc-Maçonnerie) et un avertissement amical aux musulmans. Bref, ceux à qui s'adressent les baffes lancées par Soral sont les quatre ordres que Charles Maurras - son maître spirituel - désignait comme les torpilleurs de la France : les Juifs, les Franc-Maçons, les Protestants (à travers son anti-impérialisme américain) et les métèques (les immigrants). À bien les regarder, Soral n’a même pas pris la peine de les dépoussiérer. Ils sont là comme les avait laissé Maurras aux belles années de l’Action Française. Tout ça est mené par Soral avec une maîtrise médiatique que je dois reconnaître accrocheuse, fascinante.
Bien entendu, tout cela n’est que de la télé. À l’écouter, on se sent devant un «maître», un «homme savant», «curieux», «intellectuel». Non pas l’un de ces démagogues habitués des trash radios. Ses gifles sont envoyées avec une telle souplesse qu’on les reçoit sans même s’en apercevoir, ce qui doit enrager les victimes qui ne les ont pas vues venir. Comme de telles gifles ne conduisent plus, à l’aube, au terrain de rencontre, Soral peut donc y aller sans crainte d’être convoqué en duel, comme du temps où Déroulède et Clemenceau s’affrontaient aux pistolets. Mais notre vendeur n’est qu’un brocanteur de camelotes. Une fois son système idéologique vendu (avec toute la vertu qu’il suppose, c’est-à-dire son «sens commun» dont Descartes disait que c’était la chose la mieux partagée au monde), et son club de fidèles (il rappelle au caméraman qu’il lui doit son emploi!) de «Vérité et réconciliation», on passe aux bouquins de sa maison d’Édition : Kontre-Kulture. Notre ancien instructeur de boxe se fait pédagogue de la «grande» culture. Finies l’ignorance et la bêtise, le savoir est le meilleur instrument pour dépasser la pensée unique.
Comme on est jamais aussi bien servi que par soi-même, Soral commence par nous présenter la traduction russe de l’un de ses bouquins, Comprendre l’Empire. Un tantinet déçu par le format qu’il trouve ressemblant «aux manuels de mécaniques appliquées des années cinquante», il n’hésite pas à comparer sa photo de quatrième de couverture avec un portrait de Dostoïevski, pour nous dire, finalement, qu’il n’aime pas tellement la photo choisie (alors que c’est probablement lui qui l’a fait parvenir au traducteur ou à l’éditeur). Puis, il nous fait défiler, l’une après l’autre, les dernières parutions de Kontre-Kulture (dont le second terme est visiblement allemand). Les deux éléments de vente sont, comme dans toutes bonnes pub télévisées, la jaquette soignée et le bas prix. Soral parle de la réédition de ses «classiques» selon le modèle des célèbres Que sais-je? Chaque bouquin est exposé sur toutes ses faces comme un mannequin qui défilerait sur le plancher afin que nous le voyons de face, de dos, du côté droit et du côté gauche. Avec son discours de trans-courants, Soral nous invite à dépasser les catégories traditionnelles de la politique française. Comme les protofascistes de l’Entre-deux-Guerres, il nous lance Ni droite, ni gauche.
Il entend se situer au-delà de la partisannerie vulgaire et des procédures byzantines. Pour équilibrer les nourritures terrestres avec les nourritures spirituelles, il nous propose d’abord la célèbre conférence d’Ernest Renan «Qu’est-ce que la nation?» (6 €), publiée en 1887, cinq ans après la première audition. Soral nous dit que la définition que Renan donne de la nation est celle à laquelle «Vérité et réconciliation» adhère. C’est-à-dire le fameux «plébiscite quotidien» accordé par chaque citoyen au-delà des particularités de la langue, de la race et de la religion, pour vivre sous la même souveraineté française. Soral se sert ensuite de son édition de Marx, La question juive pour y aller de deux droites une gauche sur l’édition du même livre par les Éditions de La Fabrique. Enfin, on arrive au plat de résistance, deux livres qu’il présente côte à côte, comme l’un de droite (l’Histoire de France de Bainville) et l’autre de gauche (Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau). Soral reviendra plusieurs fois sur la qualité de la jaquette des deux volumes et surtout leur faible coût de marché par rapport à l’épaisseur du volume : le Bainville, 550 pages, est à 20 €; le Thoreau, 400 pages, à 12 €. Or, la même Histoire de France de Bainville a été rééditée encore récemment chez Tempus (Perrin) et offert gratuitement toute l’année à l’achat de deux autres volumes de la collection (2011), tandis que le Walden de Thoreau est disponible pour 11 € 90 chez Gallimard dans la collection L’Imaginaire. Cette fausse publicité est celle d’un baratin de vendeur d’autos d’occasion. Il en va de même du discours que Soral porte sur les deux livres. Ne reste qu’à rire lorsque Soral invite les penseurs de gauche à lire l’historien de droite…
Soral prétend inviter les jeunes intellectuels - car c’est surtout aux jeunes qu’il s’adresse - en reprenant la manière dont Maurras avait un temps cru rallier la classe ouvrière au mouvement d’Action Française. Il avait même fondé un groupe d’activistes, les Camelots du roi, pour se confronter aux socialistes et aux communistes. Georges Bernanos et Robert Rumilly en firent partis. Le cercle Proudhon est également issu de cette volonté d’en appeler aux travailleurs pour restaurer les privilèges de la monarchie et de ses cadres aristocratiques. Évidemment, la jonction ne parvint jamais à se faire et le mouvement d’Action Française resta un mouvement essentiellement de petits bourgeois conservateurs et chargés de ressentiments. Il n’atteignit même pas le niveau réactionnaire (la droite révolutionnaire de Sternhell) qui fut le fait des Ligues des années 20 et 30 et commandées par des Mussolinis d’opérette. Il faudra attendre la défaite de 1940 et le régime de Vichy pour voir Maurras, rentré dans les fourgons de Pétain, accéder à l'antichambre du pouvoir …et y rester.
Et Bainville dans tout ça? Bainville était une intelligence, il faut le reconnaître. Soral a raison de dire qu’il reste toujours captivant à lire. Journaliste, d’un esprit diversifié - il tenait des chroniques variées, aussi bien sur le théâtre que sur l’économie -, ses textes étaient repris par toute une série de revues ou de journaux de provinces. À côté de l’intelligence de Bainville, celle de Maurras apparaît de la dimension d’un petit pois. Ce poète, que plus personne ne lit alors que Claudel peut encore émouvoir et Barrès enthousiasmer, était aussi toqué que sourd. Et probablement toqué parce que sourd. Comme jeune journaliste, il avait couvert les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne tenus en Grèce en 1896. C'est là que, frappé d'une «illumination», il aurait découvert la perfection de l’idéal classique. De là à passer au «siècle de Louis XIV», triomphe du classicisme français avec Boileau, Racine, Perrault, Rigaud, Hardouin-Mansart, il n’y avait qu’un pas à franchir. Maurras en fit un second en identifiant la monarchie comme étant le régime «naturel» de la France. Cette idée, c’est celle que s’employa à démontrer Bainville avec son Histoire de France (1924). Ce livre fut édité à l’origine par Arthème Fayard dans une nouvelle collection, «Les Grandes Études historiques». De cette collection devaient être publiés une série de livres historiques écrits dans la même veine que celle de Bainville, d’où l’existence d’une véritable école historiographique bainvillienne, déconsidérée ou tout simplement niée par les historiens universitaires, mais encensée par les académiciens littéraires. L’Histoire de France fut l’un des premiers ouvrages réédités en format de poche dans la collection historique du Livre de poche dans les années 50 alors que l’édition originale était toujours disponible. Puis, depuis les années 1990, Bainville est ressurgi du purgatoire. Gallimard a publié son essai célèbre contre le traité de Versailles, Les conséquences politiques de la paix, dans le même livre où l'on retrouve l'avertissement de Keynes, Les conséquences économiques de la paix. La même collection, «Tel», a réédité son Napoléon qui n’est pas de la meilleure eau. La Collection Bouquins, de Robert Laffont, a publié un gros volumes contenant nombre des Lectures et autres critiques journalistiques de l’auteur. Bainville était un diplomate frustré - «J’étais fais pour occuper le fauteuil de Vergennes», aimait-il déclarer non sans mélancolie -, et son intense activité littéraire était faite pour combler cette frustration.
Pour Soral, c’est l’«esprit français» qui se dégage de la lecture de Bainville. Contre ceux qu’il appelle les «identitaires» dont le nationalisme est subjectif, Soral oppose le nationalisme objectif, dans la pure tradition d’avant-guerre du «nationalisme intégral» de Maurras. Les individus sont soumis à un principe transcendant incarné dans la monarchie. Celui de l’ordre. Maurras et Bainville étaient des élèves d’Auguste Comte. C’étaient des positivistes et jamais ils ne s’intéressèrent au catholicisme autrement que par leur goût de la hiérarchie pontificale et curiale. Léon Daudet, le fils d’Alphonse, journaliste dont les traits d’humeur et les perpétuelles poursuites en diffamation le font ressembler le plus à Soral, parlait de Jésus comme d’un bolchevique de l’Antiquité. Le catholicisme de l’Action Française était l’Église sans le Christ ce qui finit par convaincre Pie XI d’excommunier l’organisme en 1926. Dix ans plus tard, sous la poussée du cardinal Villeneuve de Québec, le nouveau pontife, Pie XII réinstaura l’Action Française au sein de l’Église.
Si le sarkozysme baigne dans le parfum L’Oréal, c’était le parfumeur Coty qui se montra l’un des principaux bailleurs de fonds de l’Action Française durant les années 20. Cet autre forcené travailla toutefois à vider l’Action Française, trop politiquement timorée à son goût, pour alimenter les Ligues fascistes qui organisèrent la célèbre journée du 6 février 1934 où Paris fut à un doigt de la guerre civile et de voir son régime politique renversé. Deux ans plus tard, l’élection du Front Populaire avec le juif Léon Blum au Conseil apparu comme la revanche de la gauche sur le coup de droite. C’est cette année-là que Bainville, dévoré par un cancer, meurt. Son cortège funèbre, escorté par les Camelots du roi, croise la voiture de Léon Blum qui est prise à parti, blessant légèrement le Président du Conseil.
Bainville avait commencé sa carrière d’historien par une biographie médiocre de Louis II de Bavière, sujet romantique et romanesque pour l’époque. Son Histoire de France n’est pas aussi originale qu’on le prétend. Sa Poétique est assez simpliste en fin de compte. Sans être un volume pour élèves sages, c’est un contrappostó du manuel scolaire de la République, le Petit Lavisse, du nom d’Ernest Lavisse, historien officiel. Dans ce manuel, toute la période qui va des origines à la Révolution est présentée comme une série de désordres violents, de guerres dynastiques, de mépris de la plèbe et des paysans, de l’insolence des rois et de l’arbitrarité de la justice. Avec la Révolution, tout commence à prendre un ordre logique. À l’anarchie de la période royaliste, répond la loi et le gouvernement responsable des républicains, les efforts des révolutionnaires libéraux pour abolir les inégalités de droits, la libération des petits producteurs, tant au niveau agricole qu’urbain. La démocratie vient coiffer la nouvelle légitimité qui ne provient plus de Dieu (donc d’en-haut), mais de la participation des citoyens libres et égaux en droits (donc d’en-bas). Le Poétique de l’Histoire de France renverse ce schéma. La période monarchique est celle de l’ordre, des libertés communales, de la discipline des nobles et du rayonnement de la culture classique dont le parangon est le siècle de Louis XIV - le Grand Siècle. Reprenant la vision de la fin de l’Ancien Régime incluse dans la Révolution par Taine, Bainville soutien que l’ère des désordres commence avec la désobéissance des nobles, la résistance du Tiers-État à Louis XVI, puis la guerre civile, les guerres napoléoniennes qui conduisent à l’invasion du territoire national par les armées ennemies. Depuis, rien ne va plus. Tout n’est que désordres, crises, instabilités, invasions. Ces deux diptyques doivent être vus l’un comme le négatif de l’autre.
Si Soral peut écorcher Michelet au passage, Bainville n’est pas plus «professionnel» que son illustre prédécesseur libéral. Il ne travaille pas sur les sources premières. Son Histoire contient des erreurs d’information notables, sur la loi salique par exemple, que les médiévistes de son temps avaient déjà identifiées. N’importe. Le travail de Bainville consiste à livrer une démonstration d’une idéologie partisane. En tant que comtien et agnostique (sinon athée), Bainville, comme ses vis-à-vis marxistes, fonctionne sur une conception moniste de l’Histoire : la transcendance du principe national. Il ne contredit pas Michelet qui affirmait que la France était un peuple creuset d’ethnies de différentes provenances. Nulle trace de complots juifs dans les heurs et malheurs de la modernité. Voilà pourquoi il est plus intelligent que Maurras. Il n’a pas besoin de recourir à des arguments saugrenus racistes ou antisémites. Tout philosophe qu’il est, Bainville érige un familienroman transcendant où l’on retrouve un Enfant-Peuple toujours à la limite de la turbulence, (bien) dirigé par un Père-Roi ou (mal) par un Parlement et un Président «inaugurateur de chrysanthèmes», pour reprendre le méchant mot du général De Gaulle et une Mère-Nation heureuse et prolifique (sous la monarchie); malheureuse et hystérique (sous la République). Il faudra donc 550 pages pour développer exemplairement ce schéma à la symbolique simpliste mais efficace. Contre la Marianne, la Gueuse; la Monarchie, le principe de l’ordre.
Cet Imaginaire de l’Histoire est posé par Bainville, mais il sera repris et développé par d’autres. Déjà, en 1923, la collection avait publié un Louis XIV de Louis Bertrand, autre académicien. Un élève de Bainville, Pierre Gaxotte, après avoir publié un Siècle de Louis XV, présente une Révolution française où résonne l’écho du traumatisme de la Révolution russe. Ainsi, l’auteur parle-t-il de la «Terreur communiste» pour qualifier la Grande Terreur de 93-94. Le vieil historien Pierre de Vaissière offre un Henri IV (1925) qui demeure toujours, même aujourd’hui selon Jean-Pierre Babelon, un ouvrage de référence. Louis Bertrand récidivera avec son Histoire d’Espagne, Charles Bonnefon donne une Histoire d’Allemagne, toutes deux conformes au diptyque bainvillien. Frantz Funck-Brentano, autre historien établi, donnera un bon livre sur L’Ancien Régime. L’Histoire de Russie de Brian-Chaninov et l’Histoire des États-Unis de Firmin Roz sont des ouvrages médiocres. Le vieux journaliste Mermeix, dont le rôle dans l’affaire Boulanger avait été plutôt ambiguë, donne une Histoire romaine. Plus tard, le marquis de Roux donnera une Restauration, Jean Lucas-Dubreton un Louis-Philippe, Octave Aubry un Second Empire, enfin, Bainville livrera une Troisième République. Côté relations internationales, seuls les rapports de la France avec l’Allemagne - une France nourricière et une Allemagne traitresse - suffisent à satisfaire la collection avec une Histoire de deux peuples de Bainville et un Français et Allemands de Louis Reynaud. La thèse générale est que le romantisme, produit détourné de Rousseau, a donné naissance au romantisme allemand, puis par la philosophie de Fichte et de Hegel au nationalisme porteur d’une agressivité dont l’objectif est la destruction ou la réduction de la nation française. Ce qui fait dire que Bainville aurait été prophète de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation allemande. On comprend que, dans le contexte français de l’Entre-deux-Guerres, ce type de philosophie de l’histoire a nourri le glaive et le bouclier, c’est-à-dire le Général De Gaulle et le Maréchal Pétain. En ce sens les rhétoriques de l’Idéologique sont claires et nettes. Nationaliste, militariste, cléricaliste et surtout monarchiste, comme le résultat d’une démarche positiviste, Bainville et les lecteurs de l’Action Française considéraient que tous les maux partaient de la même source, maux intérieurs comme maux extérieurs. Jean-Jacques Rousseau. Et si M. Soral déplore le jugement exécutoire de Bainville sur le vicaire Savoyard, c’est qu’il ne comprend pas la dynamique que soutient Bainville. Rousseau est à la fois la racine de la Révolution française et celle du romantisme allemand; et que ces deux plantes ont miné la santé de l’équilibre de la nation, entraîné sa décadence, puis la condamnent à plus ou moins brève échéance à mourir de son désordre intérieur lié à l’agressivité germanique menaçante.
L’opposition entre le nationalisme et le patriotisme a toujours mis face à face la droite réactionnaire et la gauche progressiste. Il en sera de même encore entre la Collaboration et la Résistance. Le discours de la tradition n’est qu’un écran auquel jamais l’Action Française ni Jacques Bainville n’eurent véritablement recours. Ce n’est pas par nostalgie autant que par conception historiciste que Bainville en appelle à la monarchie. Celle-ci est un principe complémentaire à celle de la Nation. Monarchie et Nation vont ensemble comme République et Patrie pour les républicains démocrates. L’excès du discours bainvillien est de passer imperceptiblement de la nation à la monarchie sans crier gare Qui parle nation pense monarchie. Si Robespierre, lors du jugement du roi, pouvait s’exclamer : «Louis doit mourir pour que la patrie vive», Bainville et les siens affirment sans détour que la «Nation doit mourir pour que le roi vive». Et c’est dans ce sens que l’on verra Maurras végéter auprès de Pétain. C’est moins la restauration des traditions et le principe national qui sont les objets indépassables des monarchistes, mais le principe du tout incarné par l’État, ou plus précisément le Père-État. Non plus l’État fonctionnaire des ronds-de-cuir de la République, mais l’État des grands commis rassemblés autour du roi. Auguste Bailly, auteur d’un Richelieu pour la collection des «Grandes Études historiques» finit par déclarer que Mussolini est une sorte de Richelieu auprès du roi Victor-Emmanuel comme l’original l’était auprès de Louis XIII. Et cette figure symbolique collective du Père est liée à la virilité. C’est le roi Charles VIII qui emmène la France dans l’aventure italienne et qui en rapportera les fruits de la Renaissance comme son successeur, Louis XII, sera désigné comme «le père de la France» pour être retourné en Italie et affirmé l’alliance avec Milan. Il n’y a d’Éros qu’entre la France et ses Rois. Et à choisir entre les deux, l’Enfant-Peuple doit préférer le Père-Roi, premier porteur du principe unificateur et d'ordre social et national. Le complexe œdipien classique, traditionaliste ou réactionnaire dissimule ici un complexe ganymédien. C’est le Père pris comme objet d’investissement érotique qui fait décrire la statue du Roi-Soleil sur la terrasse du Peyrou à Montpellier par Louis Bertrand : «À l’extrémité de l’ancienne rue Royale à travers le cintre d’un arc de triomphe, - une silhouette équestre, - qui, avec un grand geste dominateur, semblait s’emparer de tout l’espace. En sa marche aérienne, le Cavalier de bronze s’enlevait d’un tel élan d’apothéose que tout s’abaissait autour de lui. Les jambes nues, collées au ventre du cheval, la casaque militaire serrée aux flancs, avec ses lanières lamées de cuivre et ourlées de frisures en basane, les pectoraux énormes en saillie sous la cuirasse de parade, toute bosselée de reliefs comme celle de l’Auguste du Vatican, la crinière apollinienne rejetée en arrière et ceinte du bandeau de lauriers, il brandissait, par-dessus les plaines, le bâton de commandement… Pas d’inscription, pas même un nom sur le socle, comme si la ville moderne était honteuse d’une telle gloire» (L. Bertrand. Louis XIV, Fayard, réed. Livre de poche col. Historique, 1923, p. 7). Qu’est-ce à dire? Louis Bertrand se met dans la position de Ganymède soudain soulevé de terre par Zeus qui a pris la forme d’un aigle. La ville est honteuse d’une gloire qui ne dit pas son nom.
Et comme l’inconscient s’adresse aux autres inconscients par la voie du Symbolique, l’ancien éducateur de boxe Soral comprend intuitivement la symbolique de l’État dans le discours bainvillien. Par deux fois, il rappelle la «virilité» de la France monarchique, virilité qui repose moins dans la France que dans le monarque. Napoléon fut une mauvaise figure de Père pour Bainville qui écrit tout de go : «…il n’eût probablement mieux valu qu’il n’eût pas existé» (J. Bainville. Napoléon, Paris, Fayard, rééed. Livre de poche, Col. Historique, 1931, p. 496), ce qui est peu amène de dire cela de son modèle pour un biographe! C’est que la bonne figure de Père est venue après la mort de Bainville. Comme dans une continuité historique qui serait oxymoron baroque, la bonne figure de Père s’est incarnée dans le Maréchal Pétain - qui reprochait à ses enfants, le peuple, d’être victime de l’esprit de jouissance - et du général De Gaulle, qui, à travers la constitution de 1958 qui fonda la Ve République, a redonné à la France une véritable figure de Père-État avec le nouveau statut du Président de la République. Comme je l’ai dit, Pétain et De Gaulle étaient deux grands lecteurs de Bainville et partageaient sa même vision de l’Histoire de la France.
Soral est en deçà de bien réaliser ce qui l’attire consciemment et inconsciemment à ce retour à la rhétorique maurrassienne ou bainvillienne. Ce communicateur profite moins de son manque d’érudition que de la pauvreté intellectuelle d’une jeunesse sortie des classes de la République qui a été victime, en France comme ailleurs, des réformes pédagogiques inefficaces ou dont les choix de spécialisation ont été orientés en fonction de la production économique. La pauvreté de la culture signifie la pauvreté de l’esprit et un communicateur de talent comme Alain Soral profite d’un exercice facile pour convaincre un auditoire qui ne cherche qu’à se laisser convaincre …de n’importe quoi qui catalyse ses rancunes, ses frustrations et son manque d’espérance dans la venue d’une solution «messianique». Voilà pourquoi il complète le tour avec le livre de Thoreau, Walden. Le monde de Thoreau est pour lui l’équivalent de l’esprit français… en Amérique. Contre les fricoteurs de Wall Street et les gays de San Francisco, c’est l’esprit américain sain, libre, autonome que représente l'auteur de Walden. Thoreau, c’est le promoteur de la désobéissance civile qui est la stratégie de «Vérité et réconciliation» contre la République bourgeoise «enjuivée», comme on aurait dit à l’époque de Bainville. Mais Soral en a encore moins à dire sur ce «classique» qu’il pouvait s’épancher sur les leçons offertes par l’Histoire de France de Bainville.
Le livre de Thoreau apparaît comme l’un de ces bûcherons errant dans l’épaisse forêt telle que décrite dans Walden. C’est une œuvre sortie de nulle part et qui reflète une idée convenue de l’esprit américain. Comme si une philosophie, même anarchisante, pouvait jaillir d’une tabula rasa. Le Thoreau présenté par Soral naît davantage de son imaginaire personnel et se trouve érigé comme antithèse de «l'Empire»; voilà ce qui en fait un Thoreau assez pauvre en soi. Soral ignore visiblement que derrière Thoreau, il y a Emerson et sa philosophie spiritualiste qui essaie de réinventer les rapports entre l’individu et la société afin de résoudre cette grande contradiction qu’est le rêve et l’histoire dans la durée américaine. Une femme comme Margaret Fuller et le mouvement transcendantaliste qui balayait progressivement l’ancien puritanisme qui avait fait la Nouvelle-Angleterre à l’époque du colonialisme pré-révolutionnaire. Enfin son exact contemporain et proche voisin Walt Whitman dont Les Feuilles d’herbe baignent dans une atmosphère onirique et homoérotique que la censure ne parvient plus à dissimuler. Thoreau en vient à développer un individualisme assez monté contre la société de son époque. C'est le révolté «à la fois violent et d'un heureux naturel» (dixit H. W. Schneider. Histoire de la philosophie américaine, Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des Idées, 1955, p. 234) que célèbre Soral, et non ce besoin de solitude méditative, «pieuse» mais sensuelle qui finira tournée vers la Bhagavadgîtâ. Emerson, Fuller, Thoreau et Whitman sont des non-conformistes qui ne vont pas avec l’historicisme de Bainville au niveau idéologique, mais qui se rejoignent étrangement, via l’inventaire de Soral, au niveau symbolique.
Quelles motivations peuvent se cacher derrière la pédagogie archaïsante d’Alain Soral? Une communication transparente et riche ou une rhétorique de séduction sectaire et potentiellement dépravante? Les maîtres de vertu sont rarement animés par des intentions vertueuses et lorsqu’on s’en aperçoit, le mal est souvent fait. En tout cas, de lui rien ne sort qui puisse transcender les cul-de-sac qui sont ceux de la civilisation occidentale actuelle. Sa grande culture est faite de résumés d’attachés littéraires, son érudition est quasi nulle, son art de l’interprétation mène sa raison plus que sa raison son interprétation et sa pédagogie se limite à une praxis idéologique où la confusion des classiques «de droite» et «de gauche» donne une fausse impression de neutralité objective par delà bien et mal. La pensée d'Alain Soral? Du Jell-O, cette poudre mélangée à de l’eau bouillante et des glaçons qui donne une forme inconsistante mais suffisamment substantielle pour y plonger sa cuiller. À côté de lui, Bainville était un grand intellectuel, substantiel même lorsque l’idéologie asservissait son professionnalisme dans sa volonté de restaurer la cellule organisée autour de la monarchie, de la nation et du peuple soumis à travers un sens de l’unité que reprend M. Soral, mais sans les compétences et les stratégies politiques qui pourraient reprendre le vieux projet avorté de Maurras. De Maurras, M. Soral a hérité un narcissisme frondeur jumelé à un caractère indécis, apeuré des conséquences s'il devait aller trop loin. Ce verbomoteur qui nous prêche à l’écran son Évangile sans verset cache un homme mal formé, peu cultivé, brutal et méprisant, méprisable parce que suffisant dans ses insuffisances. Bref, un radis immature recouvert d’un vernis de culture. La Civilisation n’a rien à attendre d’un tel homme⌛
Montréal
12 octobre 2013
12 octobre 2013
Une bonne droite (à moins que ce soit une gauche...) assené à ce boxeur du marché du livre! Même si le québécois complexé que je suis a été impressionné tout d'abord par ce bon parleur français, j'ai vite été agacé par son intérêt marqué pour l'aspect matériel du livre: sa dimension, son nombre de page, la beauté de sa couverture et chose bien importante, son prix. Tout le long de la vidéo, il vend sa salade et à ce titre, c'est tout bonnement une publicité qui dure au-delà de trois quart d'heure. Comme toi, j'ai trouvé son introduction fort longue avant qu'il en vienne au fait. Ses anecdotes personnelles étaient sans intérêt et d'aucune utilité sauf peut-être celle de tenter de prouver qu'il est un rebelle alors qu'il est un capitaliste comme tous les autres. Comme je ne connais rien à son sujet et que je n'ai pas lu Michelet ni Bainville ni Thoreau ni Maurras ni Renan, bref que je n'ai pas sa grande culture, je te suis bien reconnaissant de nous avoir donné ce petit cours teinté de ton opinion bien sentie. Notre Soral semble verser dans le conspirationnisme quand il fait référence au sionisme et au nouvel ordre mondial orchestré par les puissants de notre monde. Il prétend lutter contre la pensée dominante qui est machiavélique tout comme mes amis adeptes de la thèse du complot. En cela, il n'est pas très original. Il fait même référence à ce fameux dessin de la pyramide du billet américain pour achever de me convaincre qu'il est un fan de Dan Brown. Pour ce qui est de son analyse des livres de Bainville et de Thoreau, je devrai les lire pour m'en faire une idée et peut-être aussi lire Michelet... Ah, satané complexe!
RépondreSupprimerDaniel ;-)
"On me demande qu’est-ce que je pense d’Alain Soral. Pour dire simplement les choses. Rien."
RépondreSupprimerPersonnellement, quand je ne pense rien de quelqu'un, je n'ai rien à dire. Ni en bien, ni en mal. Rien.
Mais Jean-Paul Coupal, PhD Histoire, non. Jean-Paul Coupal, PhD Histoire, quand il ne pense rien de quelqu'un, en l'occurrence Alain Soral, il fait une diarrhée. Une diarrhée sur "rien". Et curieusement, alors que son sujet, à priori, était plutôt neutre ( rien ), Jean-Paul Coupal, PhD Histoire, fait une diarrhée qui, elle, n'est pas neutre. Pas neutre du tout, même. Elle sent, la diarrhée de Jean-Paul Coupal, PhD Histoire.
"Soral a compris ce que voulait dire Marilyn Monroe lorsqu’elle disait qu’il fallait être devant la caméra comme si on lui faisait l’amour."
Ah, d'accord. Donc, selon vous, Alain Soral, "fait l'amour à la caméra". Arrêtez-moi si je me trompe, "faire l'amour à la caméra", c'est tout miser sur la forme, non ? La séduction avant tout. J'ai bon, Jean-Paul Coupal, PhD Histoire ? Si c'est le cas, il faut nous expliquer à nous autres, béotiens, ce qu'il y a de séduisant dans le fait de regarder un gars à l'air fatigué, pas vraiment de prime jeunesse, parler pendant une heure de livres ( de livres ! ) sur une vidéo postée sur internet et filmée en caméra fixe.
"Ce communicateur, malgré sa dénonciation des grands réseaux voués aux socialistes et à l’Empire américain, reprend entièrement la recette qu'il dénonce à son compte."
On est sur internet, Jean-Paul Coupal, PhD Histoire. Il parle et promeut ses idées et on est pas obligé de regarder ses vidéos. Il a besoin d'un public. Cela me rappelle quelqu'un :"Ah là là! Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour satisfaire son lectorat! On me demande qu’est-ce que je pense d’Alain Soral".
"Dans une «vidéo de vacances», il commence par nous embêter avec ses démêlés judiciaires" : hein ? Pourquoi vous regardez ce qui vous "embête" ? Ah oui, c'est vrai, "qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour satisfaire son lectorat!". C'est sûr que vous, il n'y a pas de risque que vous ayez le moindre démêlé judiciaire, Jean-Paul Coupal, PhD Histoire : vous êtes un digne représentant de la ligne Nouvel Observateur. Un vrai rebelle, quoi.
"Comme de telles gifles ne conduisent plus, à l’aube, au terrain de rencontre, Soral peut donc y aller sans crainte d’être convoqué en duel, comme du temps où Déroulède et Clemenceau s’affrontaient aux pistolets."
Soral se fait agresser régulièrement : petits nervis de la LDJ, jeunes crétins manipulés autoproclamés "antifas", etc et se défend seul. Alors votre procès en "lâcheté" ne fait que disqualifier un peu plus votre propos, qui, je le rappelle, avait initialement pour sujet le "rien" que vous inspirait Soral. Mais peut-être que votre diarrhée est en fait une métaphore... Une métaphore du rien. Qui sait ? Vous, bien sûr ( "Et, dans l'ensemble, ils n’apportent rien que je ne sache déjà. On parle beaucoup dans le vide alors qu’on devrait parler du vide, et ça, c’est une autre histoire" ).
Hypothèse : le mot "rien" était juste destiné à masquer un parti pris et à donner l'illusion de l'objectivité en début de crise, avant que l'odeur ne vienne trahir l'idéologie de Jean-Paul Coupal, PhD Histoire, ce scriptomoteur qui nous prêche son petit catéchisme bien-pensant sans parvenir à cacher sa cuistrerie d'homme si bien formé par l'université qu'en bon chien de garde il fera tout pour défendre ses maîtres ( l'oligarchie ), sa niche ( l'université ) et sa gamelle ( son traitement ) contre "un radis immature recouvert d’un vernis de culture. La Civilisation n’a rien à attendre d’un tel homme".
Une remarque et une question pour conclure.
La remarque : la diarrhée est un engrais qui fait pousser les radis.
La question : c'est vous qui représentez la civilisation ?
Oui, Jean-Paul Coupal PhD Histoire - qui n'appartient à aucune oligarchie, ne niche dans aucune université et ne tire aucun traitement - oui, ce Jean-Paul Coupal PhD Histoire représente la Civilisation devant un Hélios Marzal, qui n'a d'Hélios que le prénom et sûrement pas la lumière du Soleil dans l'esprit, tant il ne sait pas distinguer, comme tout bon barbare, la logorrhée de la diarrhée.
SupprimerVotre texte compulsif, récité comme une sourate du Coran ou un verset du Talmud, montant sur les autels un factotum de lieux communs de la droite française - la droite la plus bête d'Europe rappelait Léon Daudet, de l'Action Française -, montre combien votre ignorance et votre bêtise à l'endroit de mon texte relèvent de la pornographie la plus vulgaire.
Si je n'avais jamais écrit sur Soral, c'est précisément parce qu'il n'avait rien qui puisse attirer l'attention. Et le jour où je pouvais l'évaluer en fonction d'un tiers, le livre de Bainville, je n'ai pu que constater que ce que je voyais n'était qu'une fraude. Votre parti-pris, puisque c'est le cas, vaut bien alors le miens, mais vous ne pouvez le défendre alors que moi je peux l'attaquer sur un terrain commun.
Ce que vous me reprochez est la profanation de votre idole, et que vous pleurnichiez sur les coups qu'il mange pour les avoir provoqués vous ramène à l'état d'un petit enfant qui n'a pas l'usage de la parole mais seulement des grincements de dents. Pour ceux qui liront ce blogue, votre intervention servira d'exemple pattent de la débilité qu'un type comme Soral entraîne chez ses disciples.
Je vous remercie donc sincèrement M. Marzal d'amener votre «engrais» à mon jardin.
Merci pour cet article de qualité.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne la photo du quatrième couverture de Comprendre l'empire, je me demande si elle n'a pas été inspirée par la célèbre affiche électorale d'Hitler de 1932.
L'article est bien rédigé. Il est cependant regrettable qu'il fasse appel à de si nombreux clichés et contresens, sur l’œuvre de Maurras notamment. De plus, les approximations historiques qui relèvent sans doute plus de l'ignorance que du parti-pris idéologique sont nombreuses. Ainsi, je lis que Charles Maurras a accédé aux antichambres du pouvoir grâce à Pétain. Maurras estimait en effet Pétain, la "divine surprise" qui a assumé la responsabilité de la défaite. C'est un point de vue critiquable dans un jugement purement anachronique de l'histoire. Pourtant, je désire une meilleure explication. En quoi l'occupation allemande a-t-elle profité à l'Action Française, dont les locaux ont été pillés et saccagés deux fois par la Gestapo, nombreux militants fusillés pour faits de résistance et le journal censuré et parfois interdit. Il convient de rappeler que contrairement au Figaro, l'Action Française a toujours refusé les subventions de Vichy pour conserver son indépendance face aux "Boches" tant méprisés. Si Maurras a accepté la Francisque, (comme Mitterrand) il a toujours refusé de travailler ou d'écrire pour des revues collabos, avances que Jean-Paul Sartre ne rejettera pas quand il signe des articles pour le tristement célèbre: Je suis partout. Enfin, cette guerre que Maurras et Bainville avaient tous deux prédit de longue date n'aurait sans doute pas suivi le même cours si le Front Populaire avait accepté comme l'Action Française l'y invitait à remettre en question sa désastreuse politique de désarmement.
RépondreSupprimerBref, votre style est bon, ne l'employez pas au service d'une analyse si piteuse et suffisante. Votre mépris pour l'histoire et la classe ouvrière, dont vous n'êtes visiblement pas proche déteignent sur votre article.
Allez, avocat du diable, présent.
RépondreSupprimerSoral est celui, ne vous en déplaise, messieurs, qui a en France instauré toute une école de pensée. Je vous vois déjà rire. Grotesque. Guignolesque. Incroyable. Et bien si. Loin de vos lectures savantes et spécialistes, il existe en France quelque chose qu'on appelle le peuple et qui est majoritaire. Et qui a eu à choisir entre Loanna et Soral sur dailymotion. Bouffer jusqu'à plus soif du Cauet et "scènes de ménages", ou regarder sur Dailymotion quelqu'un lui expliquer qui était Nietzsche.
Ah oui vous ne saviez pas que Soral avait parlé de Nietzsche. Bien sûr puisque vous ne voyez que son côté complotiste. "Pis c'est tellement beauf d'être complotiste. On est tellement mieux nous, à pas gober les bêtises de Dan Brown. Halala quelle bande de moutons. "
Certes, mais vous ne pouvez pas vous identifier à ces gens de banlieue, de classe moyenne, d'origine immigrée ou de souche, qui s'ennuyait sur internet, curieuse, lisant ça et là quelques articles wikipédia, trouvant la société actuelle décadente, obscène, dégoulinante de vulgarité et superficielle. La même société qui achète l'écran plat avec l'argent de la CAF pour regarder NRJ12 en HD. Vous pouvez pas piger. Vous pouvez pas piger ce que représente quelqu'un qui sur internet vous montre que les valeurs oubliées de virilité, ou de panache, de culture, qui vous apprend que Platon était champion de pugilat et Voltaire vendeur de chaises, le tout en parlant un argot franc et bourlingueur.
HOulalaaaaaaaaa c'est bien trop bas-de-plafond pour vous ça, c'est déjà de la grande distribution intellectuelle pour vous. Il dénature la pensée du grand Bainville :i Bah voyons. Zut alors est on trop con pour comprendre, dans une France où BHL nous explique au 20h qu'il faut aller en Syrie pour protéger le peuple à coup de bombes et l'histoire est devenue une option au lycée. Réveillez-vous, Soral fait de la vulgarisation. Personne n'en a rien à foutre qu'il dénature la pensée de Bainville ou pas. Les jeunes d'aujourd'hui ont Nabilla et Booba comme modèle, meilleures ventes de rap. Faut se réveiller. Car vous avez précisé qu'il s'adressait aux jeunes. Oui. Exact. Soral est une passade dans la formation culturelle des jeunes français actuels. Que ça vous plaise ou non, il invite à se cultiver. Et pas qu'autour du sionisme. Parce que je vous assure que vous préférez avoir un débat contradictoire avec un Soralien sur la pensée Socratique qu'avec un jeune fan de Colonel Reyel. Oh que si. Personnellement j'ai découvert John le Carré (qui est maintenant mon romancier préféré) grâce à lui, et acquis une vision plus lucide des médias, des élites politiques etc. Il m'a même fait arrêter de voter. Je ne perds plus mon temps le dimanche après-midi les jours d'élection. Je ne perds plus mon temps à essayer de comprendre où va le débat d'une bande de guignols dans un hémicycle le mercredi, et je n'écoute plus ces ordures qui veulent plus de blanco à Evry nous parler d'économies de 50 milliards. Alors Soral est peut-être un communicateur facho qui séduit les jeunes avec sa dégaine de blouson noir, mais j'vous assure qu'on parlera de lui plus tard, comme on a parlé de Sartre, idole de toute la jeunesse d'après-guerre. Encore que Sartre était un gros con bourgeois libertin qui fumait des cigares en se faisant cracher dessus par le parti communiste qu'il défendait. J'ose espérer que Soral vaut mieux.
Malgré les défauts que contiennent son discours, il constitue à mon sens un bon tremplin à la jeunesse qui a le choix entre le shit, la pocket-bike et le C.A.P patisserie, "sur l'coran".
Je vois, chère madame Anonyme, que vous avez l'estomac fragile et que la gelée en poudre est votre aliment favori, saveur Soral, va sans dire. Un délice de manger mou avec des bouts de glace qui blessent les gencives. Qu'un guignol band de You Tube trahisse volontiers un auteur ne vous gêne pas, ce n'est que preuve de votre manque total d'intégrité et que vous êtes de ceux qui n'hésitez pas à essayer de refiler des chèques sans fonds à vos amis. Le manque de respectabilité de votre nom, en tous cas, exige cet anonymat qui devient votre identité sans substance, un peu comme les pèteries de Dieudonné. Soral effacera Sartre de l'histoire de la philosophie? Bah! Si c'est votre rêve… J'espère seulement que tous les jeunes Français ne se laisseront pas trop branler par cette commère de média car ce sera pire que les effets du mariage gay; ça ne fera pas des enfants forts! Comprenez. Le Parti Communiste a pu cracher sur Sartre, mais la pensée de Sartre est toujours vivante alors que le Parti Communiste est mort et dans une génération ou deux, on se souviendra de Soral que comme d'un bradeur, un sophiste vulgaire qui ne reculait pas devant la désinformation et les vulgarités. À la fin du siècle, il sera oublié. N'est pas Céline qui veut.
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